Vaccin contre le papillomavirus : des médecins danois portent plainte contre l’Agence européenne des médicaments
Selon les informations du journal "Le Monde", l'EMA aurait biaisé une expertise sur les vaccins contre le cancer du col de l’utérus.
Ce ne sont pas des associations de malades qui sortent du silence, mais bien des institutions médicales. Plusieurs médecins et chercheurs danois ont décidé de déposer une plainte contre l'Agence européenne des médicaments (EMA). Selon les informations du journal Le Monde, ils lui reprochent d'avoir modifié une expertise sur la vaccination contre le papillomavirus, virus à l’origine du cancer du col de l’utérus.
Qui a déposé la plainte ?
Longue de "plus de cinquante pages", la plainte a été déposée par le Nordic Cochrane Centre, ainsi que des institutions, des médecins et des chercheurs. Lundi 5 décembre, les services de la médiatrice européenne l'ont déclarée recevable. L'agence chargée des autorisations de mise sur le marché des médicaments dans l’Union européenne n'aurait pas suffisamment pris en compte des signalements d'effets indésirables du vaccin contre le papillomavirus (HPV), "rares mais sérieux", écrit le journal.
A quand remonte l'affaire ?
Elle aurait commencé il y a un an, durant l’été 2015. Un médecin de Copenhague, la capitale danoise, fait remonter aux autorités sanitaires de son pays "plusieurs dizaines de cas de jeunes filles ayant été vaccinées contre le HPV et ayant présenté, dans les mois suivants, des troubles peu spécifiques." Il évoque notamment de "syndrome de fatigue chronique", de "syndrome douloureux régional complexe", ou encore de "syndrome de tachycardie orthostatique posturale."
Quels seraient les manquements de l'agence européenne ?
Après avoir compilé ces témoignages, le Danemark saisit la Commission européenne. Cette dernière ordonne à l’EMA d'enquêter pour connaître les raisons de ces troubles. En novembre 2015, l'agence européenne rend ses conclusions : RAS, aucun lien avec les vaccins anti-HPV.
Ce n'est pourtant pas ce que pensent les plaignants. "Nous ne disons pas que ce lien de causalité est certain ou que le rapport bénéfice-risque de ces vaccins est défavorable", explique au Monde Peter Gotzsche, l’un des plaignants, professeur de médecine réputé au Danemark. Ce que nous contestons, c’est la manière dont l’EMA a traité cette alerte."
Avec plusieurs confrères scandinaves, il parvient à mettre la main sur un rapport intermédiaire confidentiel rédigé par l'EMA. Il est long, 256 pages. Et surtout, il dit autre chose. "Ce rapport confidentiel raconte une tout autre histoire que l’opinion rendue publique, qui dédouane les vaccins en donnant une impression d’unanimité des experts, explique Peter Gotzsche, au Monde. On voit au contraire que certains d’entre eux se montrent très critiques vis-à-vis de certains arguments. Des experts expriment de sérieux doutes."
Le cancer du col de l'utérus est le onzième cancer en termes d'incidence chez la femme en France. En 2015, près de 3000 nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le pays, selon les chiffres de l'Institut national du cancer.
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