Intolérance au gluten : "Il faut rester prudent. L'hypothèse d'un virus est déjà ancienne"
Nadine Cerf-Bensussan, chercheuse à l'Inserm, a réagi, mardi sur franceinfo, après la publication d'une étude dans la revue "Science" sur la possibilité qu'un virus soit à l'origine de l'intolérance au gluten.
Un virus généralement inoffensif peut déclencher une allergie durable au gluten et provoquer la maladie cœliaque, une pathologie auto-immune de l'intestin grêle, aussi appelée intolérance au gluten, selon une étude publiée récemment dans la revue Science. "Il faut rester prudent" car, si l'étude montre bien que le virus peut "perturber la tolérance" aux protéines comme le gluten, elle ne démontre pas que le virus déclenche effectivement la maladie, a expliqué Nadine Cerf-Bensussan, chercheuse à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), mardi 11 avril sur franceinfo.
franceinfo : La maladie cœliaque provoque-t-elle une intolérance au gluten ?
Nadine Cerf-Bensussan : La maladie cœliaque affecte environ 1% de la population. Elle est induite par l'ingestion de protéines alimentaires présentent dans le gluten. Ce dernier est un ensemble de molécules que l'on trouve dans le seigle, le blé et l'orge. La maladie cœliaque est éventuellement appelée intolérance au gluten. À côté de cela, on distingue les allergies au blé, qui concerne une toute petite partie de la population.
Quels facteurs déclenchent cette maladie cœliaque ?
La maladie est déclenchée par l'ingestion de gluten chez des sujets prédisposés génétiquement. Nous sommes très nombreux à avoir cette prédisposition génétique qui favorise la maladie. Nous sommes nombreux à manger du gluten, mais seulement une fraction de ces sujets développent la maladie.
Sait-on pourquoi elle se déclenche chez certains patients prédisposés et pas d'autres ?
Il y a depuis très longtemps une hypothèse infectieuse. Une gastro-entérite ou une infection intestinale pourrait perturber les mécanismes immunitaires, qui assurent la tolérance vis-à-vis des protéines alimentaires comme le gluten. L'étude de la revue Science explore cette piste. Elle montre, de façon expérimentale chez la souris, qu'une infection dans l'intestin par un virus peut favoriser la perturbation des mécanismes de tolérance vis-à-vis de ces protéines. Pour autant, l'article ne montre pas que cette perte de tolérance déclenche des lésions intestinales caractéristiques de la maladie cœliaque. Il faut donc rester prudent. L'hypothèse d'un virus est déjà ancienne. Ce n'est probablement pas le seul virus impliqué explique d'ailleurs l'auteure de l'article.
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