Traitement préventif contre le VIH : ouverture des premières consultations dédiées
Sont concernées par la PrEP toutes les personnes séronégatives de plus de 18 ans, qui n'utilisent pas systématiquement le préservatif lors de leurs rapports sexuels et qui sont à haut risque de contracter le VIH.
"J'ai toujours été un garçon qui prenait des risques. J'ai toujours essayé de mettre des préservatifs, mais j'ai souvent rencontré des difficultés. Je n'ai pas de capote sous la main, je n'ai pas envie de l'utiliser, ou le garçon ou la personne en face de moi ne veut pas non plus… J'avais le stress de me dire que si je prenais un risque, je devais prendre un traitement d'urgence qui va durer un mois, avec des effets secondaires assez lourds…", explique Maxime. Comme lui, les personnes ayant des conduites sexuelles à risque peuvent, depuis le 1er décembre 2015, se rendre dans une consultation dédiée à la prescription du Truvada® .
Un médicament intégralement remboursé
Le Truvada® est une combinaison d'antirétroviraux utilisée depuis 2005 pour traiter les malades du sida. Plusieurs études cliniques ont montré que ce médicament, en préventif, était efficace pour éviter une contamination. La France a été le premier pays européen à donner son feu vert pour cette utilisation. Le médicament est prescrit dans le cadre d’une RTU (ou recommandation temporaire d’utilisation). Son coût est intégralement pris en charge par la Sécurité sociale.
Pour Maxime, c'est devenu un réflexe : "Il faut prévoir de prendre le Truvada® deux heures avant d'avoir des rapports sexuels non protégés, donc c'est quand même une petite contrainte. Mais je vis ma sexualité de façon beaucoup plus sereine, avec du plaisir et moins de stress."
Une prescription encadrée
La prescription du Truvada®, en préventif, est très encadrée. Elle ne se fait que dans certains hôpitaux et le patient doit s'engager à un suivi régulier.
C'est à l'hopital Tenon, à Paris, que Maxime a pu avoir accès à ce traitement. Comme lui, de nombreuses personnes exposées au risque de contamination par le VIH peuvent aujourd'hui se rendre dans les consultations dédiées. C'est le cas d'Eric. Pour son premier rendez-vous, il arrive avec des analyses récentes. Le Pr Gilles Pialoux, infectiologue, va vérifier qu'il n'est pas séropositif et qu'il ne présente aucune contre-indication. Le praticien essaie aussi de comprendre pourquoi il n'utilise pas de préservatif. "J'ai un blocage sur la capote. Je suis venu parce que je prenais de plus en plus de risques dans mes rapports sexuels. On joue avec sa santé et ça vaut la peine de suivre un traitement qui a fait ses preuves sur le marché. Si ça existe il faut que je l’utilise", explique Eric.
Pour le Pr Gilles Pialoux, le Truvada® n'a pas vocation à remplacer le préservatif, "c’est un objectif de santé individuel et de santé publique, on considère qu’on touche une population qui ne se protège pas avec des personnes qui n’utilisent pas ou peu le préservatif ou qu’ils l’utilisent mal, avec parfois un très haut risque d’exposition. Ce n’est pas une attaque contre le préservatif, c’est un outil de plus pour les populations qui n’utilisent pas le préservatif."
L’objectif est donc d’éviter de nouvelles contaminations. Pour cela, le médecin prend le temps d’expliquer les différents schémas de prise : à la demande, avant et après chaque rapport, où en continu.
L'association Aides accompagne les patients
Eric est ensuite reçu par un militant de l'association Aides, détaché à l'hôpital. Objectif : vérifier que la consultation avec le médecin a été bien comprise, mais aussi évoquer les questionnements relatifs à la prise du Truvada®. Eric s'interroge : "Est-ce que la prise de ce médicament va conditionner ma vie sexuelle ? Que vais-je faire si je fais une rencontre fortuite et que je n’ai pas de Truvada® sur moi ?" Marc-Antoine Danet, militant à Aides, est là pour l’accompagner. "C’est pour ça qu’on va se voir le mois prochain. Ce sera ta deuxième visite. Tu auras plus d’expérience, tu sauras ce qui a marché, ce qui est plus difficile pour toi. On verra ce qu’on peut construire comme éléments de réponse."
Chaque consultation s’accompagne d’un nouveau bilan de santé. Lors de la prochaine consultation, dans un mois, le médecin vérifiera qu’Eric tolère bien le médicament. Il sera ensuite suivi tous les trois mois par l’équipe de l’hôpital, afin de renouveler son ordonnance.
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