Les somnifères sont "à prendre ponctuellement pour relancer le sommeil, mais pas sur le long terme"
Pour Bertrand de La Giclais, médecin spécialiste du sommeil, jeudi sur franceinfo, il y a une tradition des somnifères en France qui n'est pas bonne. Le magazine "60 Millions de consommateurs" alerte sur la consommation de ce type de médicaments à base de benzodiazépine.
Le magazine 60 Millions de consommateurs alerte dans son dernier hors-série, jeudi 8 novembre, sur la consommation de somnifères à base de benzodiazépine. Bertrand de La Giclais, médecin spécialiste du sommeil, a collaboré à cette étude. Jeudi sur franceinfo, le responsable du centre du sommeil d’Argonay-Annecy a appelé à changer ses habitudes, à "s'habituer à des traitements courts et surtout pas ad vitam æternam".
franceinfo : Constate-on une banalisation de la prescription de somnifères en France ?
Bertrand de La Giclais : Il y a une tradition de prise d'hypnotiques pour des troubles du sommeil quelconques. Ce sont des habitudes qu'il faut essayer de changer chez les patients. S'habituer à des traitements courts et surtout pas ad vitam æternam. Aujourd'hui, l'Agence du médicament préconise des traitements d'un mois maximum. Ce n'est pas du tout ce qu'on retrouve dans les pratiques courantes de prescriptions d'hypnotiques actuellement.
Quels sont les risques de la prise de somnifères ?
Le somnifère, c'est quelque chose à prendre ponctuellement pour relancer le sommeil. Mais pas sur le long terme, à cause d'effets délétères et de la pharmacodépendance qu'il peut y avoir par la suite. Au bout de trois à six mois, une pharmacodépendance s'installe. Sans compter cette dépendance psychologique que le patient a vis-à-vis d'un produit qu'il prend juste avant de se coucher et qui va faire partie de son rituel du coucher. Les effets secondaires à long terme des somnifères sont maintenant connus. Des publications récentes montrent qu'il y a un risque plus important de détérioration mentale à un âge avancé si on a eu pendant longtemps une consommation de somnifères. La prise d'hypnotiques au long cours est aussi un facteur de risque supplémentaire de développer une maladie d'Alzheimer.
N'y a-t-il que les somnifères pour soigner un insomniaque ?
L'insomniaque qui consulte un médecin se demande : "Qu'est-ce que je vais prendre pour dormir ?" Et en fait la question qu'il faut se poser c'est : "Qu'est-ce que je vais faire pour bien dormir ?" Cela ne passe pas forcément par la prise d'un médicament. Le somnifère a un effet anti-éveil. Alors forcément, quand on ne se réveille pas la nuit on a l'impression de mieux dormir. Mais par contre, il y a souvent une moindre qualité de sommeil avec des molécules chimiques.
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