"C'était un outil obsolète" : l'eurodéputée Karima Delli se réjouit de la fin annoncée du changement d'heure
Selon une vaste consultation, plus de 80% des Européens souhaitent la fin de cette mesure instituée en France en 1976. Ses effets négatifs sur la santé des citoyens ont régulièrement été pointés du doigt depuis.
"Le changement d'heure sera aboli", a affirmé Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à la chaîne allemande ZDF, vendredi 31 août. L'institution va proposer la fin de ce rituel controversé, en s'appuyant notamment sur une consultation menée cet été dans les 28 Etats membres de l'Union européenne. Un nombre record de 4,6 millions de citoyens se sont prononcés. Les résultats sont nets : 84% des répondants souhaitent la fin de cette mesure controversée.
L'idée principale derrière le changement d'heure – définitivement adoptée en 1976 en France – était de permettre des économies d'énergies en limitant l'utilisation de l'éclairage artificiel. Mais pour la députée européenne EELV Karima Delli, qui se bat depuis plusieurs années pour l'abrogation du changement d'heure, il était "urgent d'en finir avec cette mesure obsolète". Présidente de la Commission des Transports et du Tourisme au Parlement européen, elle se réjouit des résultats de cette enquête.
Franceinfo : On s'achemine vers la fin du changement d'heure… C'est une victoire pour vous ?
Karima Delli : Enfin on écoute les citoyens européens ! C'est une mobilisation historique : beaucoup de gens se sont prononcés en très peu de temps. En Allemagne, en Finlande, en Suède, ça faisait des années qu'il y avait des pétitions pour réclamer la fin de cette mesure obsolète. Le débat revenait tous les ans sur le devant de la scène de la Commission européenne.
Personne ne voulait mettre le sujet à l'ordre du jour, parce qu'on pensait que ce n'était pas prioritaire.
Karima Delli, députée européenne EELVà franceinfo
Ma résolution visant à supprimer le changement d'heure a finalement tranché le débat, puisqu'elle a été adoptée au Parlement européen en février, à 384 voix pour [153 voix contre, 12 abstentions]. La consultation citoyenne vient renforcer la légitimité de mon combat.
Maintenant, la Commission va proposer une nouvelle proposition législative pour que l'on reste à l'heure d'été tout au long de l'année, conformément à ce que les citoyens ont demandé lors de cette grande consultation. Mais il faut l'accord à la majorité des 28 Etats membres.
Pourquoi considérez-vous que c'est une bonne nouvelle pour les citoyens européens ?
Deux fois par ans, notre horloge biologique se retrouve complètement perturbée. Les répercussions sur notre santé ne sont plus à prouver : troubles du sommeil, montées de stress... Une heure de décalage, c'est beaucoup pour notre corps.
Pour certaines personnes, notamment les enfants et les personnes âgées, ce n'est pas une journée ou deux qu'il leur faut pour s'en remettre, mais une semaine entière.
Karima Delli, députée européenne EELVà franceinfo
A cause de la fatigue, provoquée par le passage à l'heure d'hiver, on constate des pics d'accidentalité sur nos routes. Ces cinq dernières années, les jours de changement d'heure, les accidents de piétons atteignaient un pic de plus de 40% en fin de journée. Les gens ont moins de réflexes, ils sont moins attentifs.
Cette mesure n'a-t-elle pas permis des économies d'énergie ?
On ne peut pas dire ça, non. La dernière étude du Parlement européen dit que c'est un gain marginal, qui va de 0,5% à 2,5% selon les pays. Il faut mener de vraies politiques publiques européennes, avec la rénovation thermique des bâtiments et des transports propres.
Ce n'est pas cet outil obsolète, mis en œuvre il y a quarante ans, qui va réduire notre empreinte énergétique.
Karima Delli, députée européenne EELVà franceinfo
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