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Quand la joie... vous brise le coeur

Dans de rares cas, une émotion négative intense peut provoquer une arythmie, rétrécir l'un des ventricules cardiaques, et conduire à un arrêt cardiaque. Un tableau clinique associé depuis les années 1990 à un nom, "takotsubo", ou "syndrome des cœurs brisés". Selon une étude européenne, portant sur 485 cas de takotsubo indéniablement liés à un choc émotionnel, environ 4% d’entre eux semblent en fait liés à… une joie intense ! Aucun cas mortel n'a encore été recensé.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Sur la table d'examen, l'échographe constate des mouvements anormaux de la paroi du ventricule cardiaque gauche. Dans sa partie basse, cette paroi devient très fine. La morphologie du ventricule évoque ainsi une sorte de jarre - semblable à celle traditionnellement utilisée au Japon pour pêcher le poulpe, selon les premiers médecins qui ont décrit le phénomène (voir encadré).

Les cardiologues ont rapidement noté que cette anomalie cardiaque, aussi rare que grave (elle peut conduire à l’arrêt du cœur), survenait essentiellement chez des femmes ménopausées, après un choc émotionnel violent : accès de colère, peur, annonce d’un décès, etc. En laboratoire, le syndrome semble pouvoir être reproduit grâce à une injection de diverses hormones (des catécholamines, telles que l'adrénaline, la noradrénaline ou la dopamine), habituellement produite en situation de stress. Un événement qui "brise le cœur" (au sens figuré) peut, en somme, réellement déformer le muscle cardiaque, et l’arrêter.

Un registre international des cas probables de "takotsubo" existe depuis 2011. En analysant la description de 1.750 cas enregistrés, des chercheurs ont constaté que près des trois quarts n’étaient pas clairement associés à un choc émotionnel préalable. Mais dans 485 cas, la chronologie des évènements laisse peu de place au doute.

Or, les mêmes chercheurs ont noté que, dans vingt cas, l'émotion forte qui a précédé le dévastateur takotsubo n’avait rien de négatif. Bien au contraire : le mariage d’un fils, l’annonce d’une naissance… Il n'y aurait donc pas que la tristesse, la rage ou la peur qui peuvent déverser un torrent d’hormones suffisamment puissant pour déformer notre cœur.

Aucun des vingt cas de "syndrome du cœur heureux" - ainsi l’ont baptisé les chercheurs - n’a été fatal aux patients qui l’ont expérimenté. Aucun cas de "mort de joie", donc chacun a pu encore profiter de la vie, et de tout ce que l’événement déclencheur de l’accident portait en lui d’agréable et d’émouvant. ♥

Source : Happy heart syndrome: role of positive emotional stress in takotsubo syndrome. J.R. Ghadri et al. European Heart Journal, publication avancée en ligne du 2 mars 2016. doi:10.1093/eurheartj/ehv757

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