Paludisme : la résistance aux médicaments se limite à l'Asie du Sud-Est
En janvier 2014, des chercheurs des Institut Pasteur du Cambodge et de Paris ont annoncé dans la revue Nature avoir identifié le principal gène responsable de la résistance de Plasmodium falciparum à l’artémisinine et à ses dérivés (la dernière génération de médicaments antipaludéens). Durant les mois qui ont suivi cette publication, ces mêmes chercheurs ont étudié les caractéristiques de ce gène dans 14.037 échantillons sanguins de malades issus de 59 pays endémiques (72% d’Afrique, 19% d’Asie, 8% d’Amérique latine et 1% d’Océanie).
"Jusqu’à présent, les scientifiques ne disposaient pas des outils permettant de connaître précisément la nature de la résistance aux médicaments antipaludéens dans les principales régions affectées, comme l’Afrique subsaharienne", indique dans un communiqué Didier Ménard, co-auteur de cette étude baptisée KARMA. Ces recherches ont permis d’établir une cartographie précise de la diversité des mutations. Jusqu’à présent, 103 variations du gène incriminé étaient connues, dont quatre conférant une résistance à l’artémisinine. Soixante-dix nouvelles variations du gène sont désormais connues.
Éviter le scénario de la propagation de la résistance à la chloroquine
L’Institut Pasteur note qu’à la fin des années 1960, les parasites résistants à la chloroquine (première génération de molécule utilisée contre le paludisme) ont émergé en Asie du Sud-Est. "Malheureusement, les marqueurs moléculaires utilisés pour détecter cette résistance ont été identifiés bien après la propagation de ces parasites en Afrique, qui a entraîné des millions de morts".
Or, précise le chercheur Didier Ménard, "nous avons désormais la possibilité de tracer la résistance aux antipaludiques à l’échelle mondiale et quasiment en temps réel. Nous devons impérativement utiliser cette technologie pour prendre le parasite de vitesse et empêcher ce scénario tragique de se reproduire en Afrique".
L’étude KARMA a permis de montrer "que seul un faible nombre de mutations sont associées à la résistance, ce qui devrait faciliter la surveillance de la résistance à l’artémisinine au niveau mondial", explique Odile Mercereau-Puijalon, également co-auteure des travaux de l’Institut Pasteur à Paris.
Elle note que la mutation la plus fréquemment observée en Afrique n’est pas associée à une résistance aux antipaludéens de dernière génération.
Source : A Worldwide Map of Plasmodium falciparum K13-Propeller Polymorphisms. D. Ménard et al. NEJM, 22 juin 2016, doi:10.1056/NEJMoa1513137
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