Le Nigeria lance une campagne de vaccination d'urgence contre la polio
Le gouvernement nigérian a annoncé mercredi 17 août avoir commencé sa campagne de vaccinations d'urgence dans le nord-est après l'annonce de deux nouveaux cas de poliomyélite la semaine dernière.
"Nous avons commencé à vacciner des enfants", a assuré le ministre de la Santé Isaac Adewole, lors d'une conférence de presse à Abuja. Le porte-parole du ministère a confirmé à l'AFP que "la campagne a débuté lundi" dans quatre districts de l'Etat du Borno, "plus tôt que prévu", alors que la première phase avait été annoncée pour le 27 août.
Les deux cas de poliomyélite recensés la semaine dernière ont été détectés dans cette région dévastée par les islamistes armés de Boko Haram et soulignent les difficultés d'apporter les soins élémentaires de santé à la population. "Dans les deux cas, les cliniques locales avaient été totalement détruites par les insurgés. L'accessibilité à ces populations est un vrai problème pour leur apporter de l'aide", a ajouté M. Adewole.
L'un des enfants atteint de la maladie était arrivé dans un camp de déplacés de la capitale du Borno, Maiduguri, "après avoir marché pendant deux jours" avant d'être détecté. L'autre a été dépisté à Bama, l'une des rares enclaves du Borno récemment ouverte aux humanitaires.
Le ministre de la Santé assure que d'ici le mois de novembre, plus de 50 millions d'enfants seront immunisés contre la maladie.
Des campagnes de vaccination sont également prévues dans les pays voisins avec un accent particulier sur la région du lac Tchad et le Nord du Cameroun, précise dans le communiqué la porte-parole de l'Unicef.
Retour en arrière et freins à la vaccination persistants
En septembre 2015, l'OMS avait retiré le Nigeria de la liste des pays où la poliomyélite est considérée comme endémique. Le pays le plus peuplé d'Afrique espérait être certifié exempt de polio en 2017. "La priorité maintenant c'est d'immuniser rapidement tous les enfants dans la zone affectée", avait déclaré la directrice pour l'Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti, à l'annonce des deux nouveaux cas.
En octobre 2015, le président nigérian, Muhammadu Buhari, s'était engagé à poursuivre les efforts pour éradiquer la polio, alors que la campagne sanitaire a commencé en 1998.
Au Nigeria, les campagnes de vaccination sont compliquées par la présence du groupe jihadiste Boko Haram dans le Nord-Est du pays, et par des rumeurs selon lesquelles le vaccin rendrait stérile. Certains Etats du nord musulman du Nigeria avaient même stoppé les vaccinations en 2003.
La poliomyélite, causée par un virus, détruit le système nerveux. Le virus se propage principalement par la voie fécale-orale ou moins fréquemment par le biais d'un véhicule commun (eau ou aliments contaminés, par exemple) et se multiplie dans l’intestin. Dans 1 cas sur 200, l’infection aboutit à une paralysie irréversible (en général des jambes). Parmi les malades paralysés, 5 à 10% meurent lorsque leurs muscles respiratoires sont immobilisés. La maladie ne subsiste plus que dans les communautés les plus démunies et les plus marginalisées du monde, où elle touche les enfants les plus vulnérables, surtout en dessous de 5 ans.
Il n'existe pas de traitement curatif. Mais le vaccin permet d'éviter la maladie. Il existe des vaccins efficaces et peu coûteux. L’un d’eux, le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO), buccal, peut être administré par des bénévoles. Il est par ailleurs très bon marché : au prix le plus bas, une dose coûte seulement 0,12 euro.
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