L'asthme : trop de mauvais diagnostics
Selon une étude menée aux Pays-Bas publiée ce 1er mars 2016, portant sur 652 enfants de plus de 6 ans, dont 605 diagnostiqués comme asthmatiques, seuls 105 avaient vu ce diagnostic confirmé par spirométrie.
Cet examen, qui permet de quantifier la capacité respiratoire du patient, est généralement considéré comme incontournable pour valider le diagnostic. Parfois, certains tests supplémentaires d’allergologie peuvent être réalisés pour l’affiner.
Les chercheurs ont toutefois considéré que certains diagnostics, même incomplets, renvoyaient à des cas "probables" d’asthme (151, soit 23,2%) – typiquement, lorsque la fréquence du renouvellement des prescriptions de traitements suggèrent que ceux-ci sont bel et bien indispensables au malade.
Pour les 349 enfants restants, la réalité de l’asthme était jugée "peu probable", suggérant un fort taux de surdiagnostic.
Pour le professeur Michel Aubier, pneumologue à l’hôpital Bichat (Paris), interrogé par Allodocteurs.fr, ces résultats ne sont guère surprenants. "C’est assez fréquent que des patients suivent à tort un traitement pour l’asthme", nous confie-t-il, confirmant que la spirométrie n'est pas systématiquement utilisée par les médecins qui posent le diagnostic.
Mais, selon lui, le problème inverse est plus important encore : "Il y a également un fort sous-diagnostic de l’asthme, avec des patients qui devraient être traités depuis longtemps, qui viennent consulter car ils ont le souffle court, mais sont en réalité asthmatiques", juge-t-il. Un constat de sous-diagnostic régulièrement dressé par l'Organisation mondiale de la santé, et confirmé par de nombreuses études épidémiologiques [1]. En 2012, une étude menée en France auprès de 7.781 enfants de 9 et 10 ans avait ainsi identifié 903 asthmatiques... dont 41% pour lesquels aucun diagnostic n’avait encore été posé !
L'analyse de ces données avait révélé quelques-unes des causes du sous-diagnostic. Premier problème : celui de la capacité des parents des jeunes patients à reconnaître les symptômes de l'asthme, et à juger utile de consulter un spécialiste – surtout s’ils ne disposent pas d’une couverture mutuelle suffisante…
Par ailleurs, les chercheurs jugent qu’un "bon contrôle de la maladie dépend [beaucoup] de la capacité et de l'expérience à reconnaître les symptômes du médecin (en tenant compte des diagnostics différentiels possibles), à définir le niveau de gravité (également en évaluant la fonction respiratoire), à prescrire le bon médicament et à éduquer le patient et sa famille". "Les médecins ignorent souvent les préconisations officielles"… et notamment le recours à la spirométrie.
[1] Voir par exemple :
Yeatts K, Johnston DK, Peden D, Shy C: Health consequences associated with frequent wheezing in adolescents without asthma diagnosis. Eur Respir J. 2003, 22: 781-786. 10.1183/09031936.03.00095803
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