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"Sur la facture, il y en a pour 96 euros" : Léo, 22 ans, raconte sa consultation pour "faire du fric" dans l'un des centres de santé soupçonné de fraude

Venu pour un banal contrôle ophtalmo dans l'un des centres Alliance Vision de Paris, le jeune homme s'est vu imposer des examens inutiles.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une consultation chez un ophtalmologiste. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Une fraude estimée à 20 millions d'euros. L'assurance-maladie va déconventionner les 13 établissements du groupe Alliance Vision, implantés dans 9 régions (Ile-de-France, PACA, Normandie, Hauts-de-France, Pays-de-Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre Val de Loire, Grand-Est, Bretagne), répartis sur tout le territoire français, révèle ce jeudi franceinfo. Cette chaîne privée qui propose à la fois des soins ophtalmos et dentaires, est soupçonnée d'avoir mis en place un vaste système de fraudes à l'assurance-maladie. 

>> INFO FRANCEINFO. L'assurance-maladie va déconventionner tous les centres de santé Alliance Vision pour une fraude estimée à plus de 20 millions d'euros

Ils facturaient en effet à la Sécurité sociale des actes que ses médecins n'avaient soit jamais réalisés ou qui étaient totalement injustifiés. C'est le cas par exemple des examens d'imagerie optique ou de la rétinographie pour détecter des glaucomes, des dégénérescences de la rétine, des maladies qui affectent surtout des personnes âgées. Or, selon les informations de franceinfo ces examens ont été réalisés ou supposément réalisés régulièrement sur des enfants. Ces enfants étaient parfois âgés de 3 ans. 

La facture d'une consultation avec un praticien qu'il n'a "jamais vu"

À 22 ans, sans avoir de problème de vue, Léo explique avoir "senti l'arnaque pendant la consultation", . Il y avait énormément de monde dans la salle d'attente pour des consultations qui duraient entre 5 et 10 minutes". Comme de nombreux patients qui témoignent sur Internet, il a le sentiment que ce centre n'a qu'un seul objectif : "Faire du fric". 

Un rendez-vous pour un banal contrôle annuel est ensuite fixé avec un orthoptiste. Or, il doit alors passer plusieurs examens : "Je n'avais pas l'impression que c'était utile. J'ai 22 ans, en regardant sur internet, ça ne correspondait pas vraiment...".
Mais Léo, lui, a tiqué, au moment de recevoir la facture d'une consultation avec un ophtalmologue qu'il n'a "jamais vu. Le seul contact que j'ai eu avec lui c'est son tampon sur l'ordonnance". Le jeune homme tente alors d'en savoir un peu plus : "Je vois sur la facture qu'il y en a pour 96 euros, et je cherche à comprendre avec la secrétaire". 

"Sa seule réponse a été  'de toute façon vous n'avez rien à payer, c'est la Sécu qui va tout prendre en charge ou votre mutuelle. Vous, ça ne vous regarde pas ce qu'il s'est passé". 

Léo

à franceinfo

"Le préjudice est colossal"

La plupart du temps les patients ne se rendent en effet pas compte de ce type d'arnaques, car ces soins sont pris en charge intégralement par la Sécurité sociale : ils ne déboursent rien et souvent ils ne vérifient même pas les factures. C'est aussi ce qui explique que l'enquête concernant ces centres a pris plus de deux ans. 

Les 13 centres de santé concernés sont désormais déconventionnés pour une durée de 5 ans à compter du 21 août 2023 au titre des faits suivants pour "facturation d’actes fictifs" et "non-respect, de manière répétée, des règles de cotation et de facturation des actes". "Le préjudice est colossal", détaille le patron de l'Assurance-maladie Thomas Fatôme : "On est là pour rembourser des soins qui sont justifiés et pas pour des pratiques frauduleuses", indique-t-il. 

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