Grippe : "Nous avons mis à mal notre système de santé qui n'est plus capable de répondre à une épidémie"
L'épidémie de grippe met les hôpitaux de France sous tension. Sur franceinfo, le porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France, Christian Prudhomme a expliqué les problèmes rencontrés par les établissements de santé.
Le bilan de l'épidémie de grippe sera probablement lourd cette année a affirmé mercredi 11 janvier la ministre de la santé Marisol Touraine. Selon elle, les urgences sont "sous tension". 142 hôpitaux sur les 850 établissements publics français sont débordés par la grippe.
Les réductions d'effectifs pointées du doigt
"Il faut que la ministre reconnaisse, que depuis 30 ans, nous avons mis à mal notre système de santé qui n'est plus capable de répondre chaque année à une épidémie de grippe", a réagi mercredi sur franceinfo Christophe Prudhomme, le porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France. "Notre système de santé est à un seuil de dégradation qui ne lui permet plus de répondre à un évènement tout à fait banal qui survient régulièrement", explique-t-il.
On a fermé trop de lits d'hôpitaux, il n'y a pas assez de médecins généralistes, ils sont mal répartis dans les territoires et il n'y a pas assez de personnels dans les maisons de retraite.
Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de Francesur franceinfo
Cette situation critique s'aggrave d'année en année car "on est soumis à la potion amère des réductions d'effectifs, des fermetures de lits, avec des directeurs qui n'ont qu'un seul mot à la bouche, faire des économies au détriment des patients", s'alarme Christophe Prudhomme.
L'urgentiste précise que l'épidémie de grippe est plus forte cette année, "comme c'est le cas tous les quatre ou cinq ans". La grippe "se surajoute chez des patients déjà fragiles" atteints de maladies chroniques, d'hypertension, d'insuffisance respiratoire et de diabète. "Cela nécessite de les hospitaliser pour dix ou quinze jours. Aujourd'hui ces lits n'existent plus, parce qu'on les a fermés."
Les urgentistes au bout du rouleau ?
Christophe Prudhomme alerte également sur l'épuisement des médecins qui ne sont pas "en capacité de prendre en charge les patients correctement". Il souligne des "démissions importantes de collègues qui n'en peuvent plus".
Le porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France a interpelé la ministre de la Santé sur l'accord concernant le temps de travail des médecins urgentistes, qui a été signé en décembre 2014 et qui n'est "toujours pas appliqué". Pour lui, "un certain nombre de morts auraient pu être évités si on avait pu prendre en charge les patients dans de meilleures conditions."
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