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Grippe aviaire : "Quand on ramasse matin et soir tous ces cadavres, c'est démoralisant", témoignent des éleveurs de canards landais

Le gouvernement a annoncé une amplification des abattages préventifs de canards, face à "l'extrême contagiosité du virus". Dans les Landes, les éleveurs, durement touchés, tentent de s'en relever.

Article rédigé par Stéphane Iglésis - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des canards dans l'élevage de Serge Mora à Mugron (Landes), le 29 décembre 2020. (GAIZKA IROZ / AFP)

"Je n'ai jamais vu une maladie aussi virulente, aussi rapide pour éliminer un troupeau". Accablé, Serge Mora n'arrête pas de compter les cadavres dans son élevage de Mugron, dans les Landes"En moins d'une semaine, on a perdu pratiquement 400 canards sur 660", raconte le président du Modef landais, pour qui l'hécatombe a démarré le 31 décembre dernier. "Ce qui est le plus choquant pour nous éleveurs, c'est l'agonie que subissent ces animaux, confie-t-il. Quand on va ramasser matin et soir tous ces cadavres, c'est démoralisant."

C’est la troisième épidémie de grippe aviaire en quatre ans, et c’est sans doute l’épisode le plus violent. En tout, 124 foyers de contaminations, dont 119 dans les Landes, ont été recensés par le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, qui précisait, vendredi 8 janvier, que "plus de 600 000 canards" avaient été euthanasiés depuis la mi-décembre. Un quatrième abattoir sera réquisitionné par l’État, lundi 11 janvier, pour porter la capacité d’abattage à 160 000 palmipèdes par jour. L'État espère que cela sera suffisant pour endiguer la propagation du virus. "Aujourd'hui, l'urgence est d'éteindre l'incendie, malheureusement je constate que le feu n'est pas éteint", déplore Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog, qui défend toute la filière du foie gras.

"Nous sommes face à un virus qui est d'une agressivité jamais vue."

Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog

à franceinfo

Pour Marie-Pierre Pé, les conditions météorologiques observées durant les quinze derniers jours "ont favorisé la propagation du virus", mais elle explique qu'il y a aussi, dans les Landes, une "très forte densité de production qui facilite malheureusement la transmission du virus."

"Le risque zéro n'existe pas"

En décidant l'abattage de toutes les volailles dans un rayon de 5 km autour des foyers infectés, c’est quasiment tout le département des Landes qui est touché, même les éleveurs de volailles bio comme l'élevage d'Émilie Deligny, situé à Parleboscq, près de Dax. "Le risque zéro n'existe pas, assure-t-elle. Le facteur humain est toujours là, on travaille avec le vivant donc même en claustration, on ne travaille pas en zone complètement aseptisée."

Le gouvernement et les éleveurs espèrent éviter la contamination des départements voisins comme le Gers, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Atlantiques ou le Lot-et-Garonne, où quelques cas ont déjà été repérés.

Grippe aviaire : rencontre avec des éleveurs landais gravement touchés par l'épidémie - Reportage de Stéphane Iglésis

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