Grippe aviaire : "Le risque pandémique est réel", affirme le virologue Bruno Lina après l'achat par l'UE de 665 000 doses d'un vaccin

"Comme ce virus a un potentiel particulier, on se prépare un peu plus, histoire d'avoir des éléments de réponse", lance Bruno Lina, jeudi sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo
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Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), le 22 janvier 2021 à Lyon (Rhône). (JOEL PHILIPPON / MAXPPP)

"Ce qu'il faut, c'est se préparer", déclare jeudi 13 juin sur France Inter Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon, après que l'Union européenne a conclu un contrat lui permettant d'acheter, au nom des États membres, jusqu'à 665 000 doses d'un vaccin prévenant la transmission de la grippe aviaire à l'humain, alors que plusieurs cas ont été rapportés en Australie, au Mexique et aux États-Unis. Un marché assorti d'une option pour 40 millions de doses supplémentaires. "On est face à un risque. Ce risque pandémique, il n'est pas majeur, mais il est réel", souligne le membre du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars).

"Les oiseaux sauvages qui sont présents en Amérique du Nord ont un virus [de la grippe aviaire] qui n'a pas circulé en Europe", explique le scientifique. "Les couloirs de migration des oiseaux vers l'Arctique, cela vaut pour pratiquement tous les oiseaux du monde qui migrent vers le nord", ajoute-t-il, et "quand les oiseaux d'Europe vont redescendre, il est possible qu'un certain nombre d'entre eux ait acquis ce virus et que la situation présente aujourd'hui en Amérique du Nord soit transposée en Europe". "Comme ce virus a un potentiel particulier, on se prépare un peu plus, histoire d'avoir des éléments de réponse", pointe-t-il.

Empêcher le virus de s'adapter à l'homme

Le "risque aviaire existe en fait depuis 2003 voire depuis 1997", indique Bruno Lina. Depuis, presque 900 cas ont été répertoriés et, au total, il y a eu environ 480 décès. "C'est vraiment un virus aviaire, il n'y a pas de transmission entre humains, mais quand il infecte l'homme, ça se passe souvent très mal". "Il faut qu'on empêche que les hommes soient infectés" et "que ce virus s'adapte à l'homme".

Le chercheur au Centre international de recherches en infectiologie de Lyon se projette "dans un scénario qui n'est pas le plus probable". "Imaginons que des oiseaux soient contaminés en descendant en Europe, que des animaux d'élevage ou des animaux qui sont au contact de l'homme se contaminent à leur tour."

"Ces animaux-là vont multiplier le virus et comme ce sont des mammifères, ils peuvent entraîner des modifications du virus qui l'adapteraient potentiellement à l'homme."

Bruno Lina, virologue

sur France Inter

"Si jamais vous avez des personnes qui sont contaminées à partir de virus hébergés par les bovins, les caprins, les chats, les renards, les ours, etc., il y a un risque d'adaptation. Dans ce cas, il faudra qu'on les traite très vite, qu'on les diagnostique. Et surtout, si jamais le virus évolue, qu'on vaccine de façon préventive. À ce moment-là, on utilisera le stock de vaccins qui aura été mis en place", conclut-il.

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