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"Vous croyez que ce sera respecté ?" : les usagers du métro parisien sceptiques sur la faisabilité de la distanciation sociale

Si la RATP a promis une désinfection régulière des véhicules et des stations et la mise en place des signalétiques pour inciter les usages à se tenir à distance les uns des autres, les habitués de la très fréquentée ligne 13 du métro doutent d’y être en sécurité.

Article rédigé par Emmanuel Grabey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des passagers assis dans une rame de la ligne 13 du métro parisien, le 23 avril 2020. (MARTIN BUREAU / AFP)

Depuis quelques jours, les quais de la station de métro La Fourche, sur la ligne 13 du métro parisien, habituellement bondée, sont recouverts de petits traits blancs. Pour quelle utilité ? Clothilde, comme d’autres, n’en est qu’au stade des hypothèses. "J’imagine que c’est tous les mètres, pour qu’il y ait une personne tous les mètres ?", s’interroge-t-elle. "Vous croyez que cela sera respecté ?, ajoute un peu plus loin Fatima. Vu la population, sincèrement, je ne crois pas."

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Avec le début du déconfinement lundi 11 mai, beaucoup devront reprendre les transports en commun, alors que l'épidémie de coronavirus Covid-19 n'est pas terminée. Le port du masque y sera obligatoire, et les règles de distanciation devront y être respectées, a prévenu le gouvernement. La RATP promet une désinfection régulière des véhicules et des stations et l’installation de signalétiques pour inciter les usages à se tenir à distance les uns des autres. Les usagers de la ligne 13, eux, restent sceptiques.

Des autocollants sur les sièges, des marquages au sol : Fatima n’y croit pas une seconde. Elle connaît trop les transports, dans lesquels elle passera trois heures par jour dès le 11 mai. "Je crains le pire et j’ai peur pour moi, pour mes enfants, pour le monde…", soupire-t-elle. Et du monde, il y en davantage depuis quelques jours, de l’avis général des usagers. "Je prends toujours mon masque, mes gants," indique Gino, qui guette le wagon le plus désert de la rame qui entre en station.

Le matin de bonne heure, il y a toujours une distance minimale d’un mètre entre les gens car il y a peu de monde dans le métro. Mais à cette heure-ci, je ne sais pas...

Gino

à franceinfo

À l’intérieur de la rame, les voyageurs sont bien espacés, sauf au fond, où un groupe compact est en pleine discussion. Habituée de cette ligne très fréquentée en temps normal, Fabienne apprécie de voyager à l’aise. "Sur des banquettes de quatre places, on arrive à être tout seul mais quand tout le monde va reprendre, on ne pourra pas, prédit-elle. Ils ont dit qu’ils mettraient plus de rames, mais on verra bien..." "Comment on va faire ?, poursuit-elle. Il faudra bien aller bosser… Le chômage technique, pas question : j’ai un petit salaire, je ne peux pas me permettre de n’être payée que 80% de mon salaire."

"Ils éternuent, ils touchent les barres"

Alors elle continuera de prendre le métro, sans compter sur le civisme des autres voyageurs : les mauvais souvenirs de la grève, dit-elle. D’autant que certains ne respectent même pas les gestes élémentaires. Inès et Lassana le constatent tous les jours : "Ils éternuent, ils ne se cachent pas, ils touchent les barres, déplore la première. Parfois, on le métro s’arrête et on est bousculés et on doit se tenir à la barre. Heureusement qu’on a toujours du produit sur nous pour se désinfecter les mains." "On ne prend pas tous les choses de la même manière : certains prennent plus au sérieux la situation que d’autres…", conclut son voisin. Là-dessus, ils peuvent être rassurés : lundi, le masque sera obligatoire pour tous dans les transports.

Les usagers de la ligne 13 du métro parisien sceptiques sur la réalité de la distanciation sociale - reportage Emmanuel Grabey

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