Plus d’un mois après le premier tour des élections municipales, la colère de nombreux élus et candidats touchés par le coronavirus ne retombe pas : ont-ils été contaminés le jour du vote, et de nombreux Français avec eux ? Pourquoi avoir maintenu le scrutin malgré l’épidémie qui commençait à sévir ? Avec le concours du site Franceinfo et de "L'œil du 20H", "Envoyé spécial" a enquêté sur les coulisses de cette décision controversée. Tout semble s'être joué en quelques heures, le 12 mars 2020, trois jours avant le scrutin. Lors de son allocution télévisée, le président de la République rapportait en ces termes l'avis des scientifiques sur la nécessité ou non de reporter ces élections : "Ils considèrent que rien ne s'oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes." Et il poursuivait : "J'ai aussi demandé au Premier ministre, il l'a fait encore ce matin, de consulter largement toutes les familles politiques. Et elles ont exprimé la même volonté."Les journalistes ont contacté 8 membres de l'opposition : ils ont tous la même versionC'est donc le matin même que l'opposition aurait été consultée, lors d'une réunion entre les chefs de parti et le gouvernement, au ministère de la Santé. Les journalistes ont contacté huit membres de l'opposition et leur ont demandé de se replonger dans leurs notes. "A aucun moment l'avis des personnes présentes autour de la table n'a été sollicité" (Adrien Quatennens, La France insoumise) ; "Le sujet n'a pas été formellement posé sur la table" (Florian Philippot, Les Patriotes) ; "On nous dit que tout va bien, tout est sous contrôle" (Olivier Faure, Parti socialiste)... Tous ont la même version : on ne leur a pas demandé leur avis sur le maintien des élections.Seul le président du Sénat, Gérard Larcher, aurait été consulté par téléphone dans l'après-midi du 12 mars. Il reconnaît avoir plaidé pour le maintien des élections, et affirme qu'il ignorait la gravité de la situation sanitaire. Il n'a pas souhaité répondre aux questions des journalistes.Les responsables de l'opposition ont-ils fait pression pour maintenir le scrutin ?Régulièrement accusés d'avoir fait pression pour que le scrutin soit maintenu, les responsables des différents partis assurent tous, au contraire, qu'ils auraient respecté la décision présidentielle. Certains peuvent même le prouver : Julien Bayou produit un SMS envoyé aux têtes de liste d'Europe Ecologie-Les Verts, le 12 mars à 18h15, alors que la rumeur d'un report bruissait. Il y mettait en avant "la santé publique" et appelait à la "cohésion nationale". "Si cette décision [de report] devait être prise, nous l'accompagnerons", assurait de son côté Marine Le Pen (Rassemblement national), dans un texto adressé au président de l'Assemblée nationale dans la soirée du 14 mars.Extrait de "Le vote de trop ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 23 avril 2020.> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".