: Vidéo "Le coronavirus ne viendra pas ici car les microbes le mangeraient" : quand la pandémie amuse les enfants des bidonvilles de New Dehli
"Pour nous, les pauvres, le confinement, ça ne veut rien dire" : comme avant l'épidémie de coronavirus, les chiffonniers de New Dehli passent leurs journées à fouiller cette décharge géante. Il y a ici des dizaines d'enfants qui, comme eux, trouvent leur nourriture parmi les détritus. Extrait d'"Envoyé spécial" du 9 avril 2020.
Face à la pandémie de coronavirus, l'Inde a décidé le 24 mars 2020 le confinement total de sa population, soit un milliard trois cents millions d'habitants. Mais les autorités chargées de le faire appliquer ne sont pas montées jusqu'à cette montagne artificielle de plusieurs dizaines de mètres de haut, qui se dresse au milieu du bidonville de Bhalswa. C'est l'une des trois décharges de New Delhi, la capitale indienne. Chaque jour, 4 000 tonnes de détritus sont déversées ici.
"Le confinement, c'est pour les riches, ceux qui en ont les moyens"
A chaque fois qu'un camion arrive pour décharger sa cargaison de déchets, ils se précipitent pour récolter ce qui peut être sauvé et revendu. Pas de confinement pour les chiffonniers de Bhalswa. Même s'ils savent que c'est interdit, ils sont plusieurs centaines à venir travailler sept jours sur sept sur cette décharge.
"Pour nous, les pauvres, le confinement, ça ne veut rien dire. Le confinement, c'est pour les riches, ceux qui en ont les moyens. Vous avez vu ce qu'on fait, comme c'est dégoûtant ? s'exclame l'un d'eux. Mais pour les pauvres, c'est normal."
"Pourquoi avoir peur ? Si je meurs, c'est pas grave..."
Pourtant, même ce marché de la débrouille est en grande partie interrompu. Avec le confinement, plus personne n'achète le plastique, le métal ou les autres matières à recycler. Raju ne sait pas du tout quand il pourra revendre sa récolte. Pour manger, il compte donc sur ce qu'il trouve dans les ordures. Un morceau de pain, quelques biscuits encore emballés...
Les écoles sont fermées, les enfants n'ont plus de raison de ne pas venir travailler. Ils sont des dizaines à fouiller dans ce tas d'ordures. Pour eux, le coronavirus semble presque une blague, une sorte de jeu. "Personne ne va attraper le coronavirus, affirme un petit garçon. Ça pue beaucoup trop ici ! Le virus ne pourrait pas se répandre. Il ne viendra pas sur cette montagne, car les microbes le mangeraient." A côté de lui, une petite fille renchérit : "Pourquoi avoir peur ? Si je meurs, c'est pas grave…"
Extrait de "En Inde, l'impossible confinement", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 9 avril 2020.
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