: Vidéo L'économie touchée par le coronavirus : "Quand vous êtes en état de guerre, vous réfléchissez après", selon l'économiste Elie Cohen
"Sur le moment, on dépense sans compter", a estimé chercheur au CNRS, établissant un parallèle entre la situation de crise actuelle liée au coronavirus et une période de guerre.
La crise provoquée par le coronavirus Covid-19 "est la plus importante de ces 20 dernières années, elle est plus importante que la crise de 2008-2009" a reconnu samedi 14 mars sur franceinfo, l'économiste et chercheur au CNRS Elie Cohen. C'est une crise importante "dans son ampleur et surtout dans son imprévisibilité".
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"Quand vous avez une pandémie, ça commence par une crise d'offre, c'est-à-dire que les chaînes d'approvisionnement s'arrêtent, et ça continue par une crise de demande, les gens ne consomment plus, a-t-il détaillé. Quand ça provoque une panne de l'investissement, et quand en plus le foyer se déplace de la Chine à l'Europe qui devient le cœur de la crise, lorsque cette crise d'abord sanitaire puis économique devient financière et qu'on voit que les différents marchés financiers s'écroulent", s'est inquiété Elie Cohen.
"C'est ce qui s'est passé avec l'effondrement des bourses avec des agents paniqués qui n'arrivent plus à faire face à leurs obligations, ce qu'on appelle des appels de marge, alors ils sont obligés de bazarder ce qu'ils ont et même de l'or qui normalement est un actif de précaution", a expliqué l'économiste.
C'est l'économie qui est progressivement paralysée.
Elie Cohen, économisteà franceinfo
"Quand vous n'arrivez plus à recevoir les principes actifs pour fabriquer les médicaments, lorsqu'ils vous manquent des composants pour fabriquer des ordinateurs, c'est un choc majeur.", a analysé Elie Cohen. "Quand en plus, les entreprises n'ont plus un seul client. Regardez ce qui se passe dans le transport aérien, ou l'événementiel ou dans la restauration. Quand d'un seul coup les chiffres d'affaires baissent de 50, 60 ou 80%, ce sont des chocs majeurs et on comprend que l'économie réagisse."
Trois mesures-clés
Selon Elie Cohen, "le gouvernement a très bien réagi, il a pris les trois mesures-clés, la première c'est de dire qu'on ne comptera pas les moyens pour le système de santé. Deuxièmement, les aides en trésorerie, car il ne faut pas que les entreprises meurent par accident parce qu'elles ont été étouffées par un manque de trésorerie, les charges sont reportées, les crédits peuvent être différés."
"Le 3e élément, c'est une indemnisation intégrale du chômage partiel, poursuit l'économie. On a retenu la leçon de l'Allemagne de 2008-2009, c'est l'État qui prend en charge immédiatement et complètement les pertes de revenus liés au chômage partiel et quoi qu'il en coûte, on ne regarde pas à la dépense dans ces cas-là, on constatera après les faits que le déficit a crû de 10, 20, 30, 40 ou 50 milliards et on verra après quoi faire, mais sur le moment on dépense sans compter."
Pendant la guerre, vous faites tout pour gagner la guerre et c'est ce que le gouvernement est en train de faire.
Elie Cohen, économisteà franceinfo
"C'est quasiment un état de guerre, et quand vous êtes en état de guerre, vous réfléchissez après. Et je suis encore plus impressionné par le discours qui a été tenu en Allemagne, on a parlé d'un 'bazooka' pour faire face à la crise, idem aux États-Unis, on a le sentiment qu'il y a une mobilisation progressive", a expliqué Elie Cohen.
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