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Vidéo Covid-19 : sept questions très simples sur la deuxième vague

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Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS, répond aux questions.
VIDEO. Covid-19 : sept questions très simples sur la deuxième vague Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS, répond aux questions. (BRUT)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS, répond aux questions.

La deuxième vague était-elle prévisible ?

Depuis début septembre, l'épidémie est en croissance exponentielle. "Donc ce qu'on pouvait dire en fin août, début septembre, c'est que si rien ne changeait, on allait vers une saturation des services de réanimation en novembre. Ça, on pouvait le dire", estime le directeur de recherche. "Si vous faites un scénario pessimiste comme celui que nous on avait fait dans l'équipe, qui était que les services de réanimation seraient saturés en novembre, si ce scénario se réalise, c'est qu'il y a un problème quelque part", poursuit-il.

Quand la deuxième vague a-t-elle débuté ?

Selon Samuel Alizon, la deuxième vague a commencé à augmenter en juillet. "Elle augmente moins vite qu'elle n’augmentait en février et mars. En février, mars, l'épidémie doublait en taille tous les 3 jours", note-t-il. Le directeur de recherche estime qu'actuellement, l'épidémie double en taille à peu près tous les 10 jours.

Le confinement et le port du masque n'ont servi à rien ?

"L'épidémie a énormément diminué grâce à ces mesures. Après, ce qu'il faut voir, c'est qu'en juillet et en août, on a rouvert les vannes", explique Samuel Alizon. Aussi, il pointe la baisse de l'efficacité des dépistages, notamment à cause de la saturation des laboratoires provoquant des délais plus longs. "Et le problème, c'est que plus vous avez de personnes infectées plus la stratégie de dépistage et d'isolation des contacts, elle fonctionne mal", dit-il.

Quelle est la virulence du virus aujourd'hui ?

Le taux de reproduction du virus tourne aujourd'hui autour de 1,3. "Ça veut dire que, en moyenne, 10 personnes en infectent 13", résume Samuel Alizon.

Pourquoi ne cherche-t-on pas à atteindre l'immunité collective ?

Dans un premier temps, Samuel Alizon souligne la virulence de la maladie. "Même s'il se propage vers les plus jeunes, vous auriez de l'ordre de 10 000 décès en France avec une vague épidémique", explique-t-il. Aussi, si une telle vague se produisait, il serait périlleux de l'empêcher de déborder sur les populations les plus vulnérables. Outre cela, il y a encore un manque de connaissance sur la durée de l'immunité naturelle

Devons-nous attendre un nouveau pic épidémique ?

"Donc là, on est dans une seconde vague et par définition, il y aura à un moment un pic épidémique. L'enjeu, c'est que ce pic épidémique arrive le plus tôt possible, parce que le pic épidémique, ça veut dire qu'on contrôle l'épidémie", détaille le directeur de recherche.

Pourquoi n'arrivons-nous pas à prendre le dessus sur la maladie ?

Selon Samuel Alizon, la difficulté réside dans l'incapacité à voir immédiatement les effets des mesures. "Si vous confinez l'ensemble de la population aujourd'hui, vous allez empêcher les infections à partir d'aujourd'hui, mais vous n'en verrez pas le résultat avant 10 à 18 jours pour les admissions en réanimation. Vous n'en verrez même pas les résultats dans les tests PCR avant quasiment une semaine", poursuit le chercheur.

Peut-il y avoir d'autres vagues épidémiques ?

Cela est possible. Il existe trois possibilités pour éviter une autre vague : l'immunité d'une proportion suffisante de la population par un vaccin ou par immunité naturelle et enfin un contrôle de l'épidémie impliquant des mesures très strictes.

Combien de temps ça va encore durer ?

"Aujourd'hui, quelqu'un qui vous dirait que le Covid-19 ne sera plus un problème dans 1 an, dans 2 ans, dans 3 ans, ce serait un escroc", estime Samuel Alizon lequel considère qu'il y a trop d'inconnues, notamment sur le vaccin. "Quand on aura des vaccins efficaces, il faudra voir quelle est la durée de la protection conférée par le vaccin. Est-ce que c'est des vaccins qu'il faudra renouveler tous les ans comme la grippe ?", s'interroge-t-il avant de conclure : "Aujourd'hui, c'est vrai qu'on n'a pas de visibilité à plus de quelques mois."

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