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Vidéo Covid-19 : "Des réanimateurs, ça ne se forme pas en trois jours", alerte Lila Bouadma, membre du Conseil scientifique

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Manque de formation, défection des internes... "Non seulement il n'y a pas de renforts mais on est encore moins nombreux", pointe la réanimatrice.

"Des réanimateurs, ça ne se forme pas en trois jours", a déclaré sur franceinfo mardi 11 mai Lila Bouadma, réanimatrice à l’hôpital Bichat et membre du Conseil scientifique, au sujet de la promesse faite fin mars par le président de la République Emmanuel Macron de renforts et de lits supplémentaires pour les services Covid des hôpitaux français.

"Pour faire de la réanimation, il faut un lit, c'est sûr, mais il faut surtout des gens compétents. Pour soigner la gravité des malades que nous avons dans nos services, il n'y a que des réanimateurs. Et des réanimateurs, ça ne se forme pas en un an, ça ne se forme pas en six mois, ça ne se forme surtout pas en trois jours", insiste Lila Bouadma, alors que les infirmiers et infirmières en réanimation sont en grève mardi 11 mai pour réclamer notamment une formation spécifique d'"au moins six mois".

"Je défie n'importe quel médecin compétent qui n'a pas fait de réanimation depuis un certain temps de venir garder en vie les malades de mon service, ne serait-ce qu'une heure."

Lila Bouadma, réanimatrice à l’hôpital Bichat

franceinfo

Selon Lila Bouadma, l'envoi de soignants en renforts et de l'ouverture de lits supplémentaires fonctionne "pour des malades de gravité intermédiaire" mais "pas pour des malades de réanimation. Ou alors, on ne les soigne pas. On leur a trouvé un lit mais on ne les soigne pas."

De plus, souligne la réanimatrice, les internes en Île-de-France ne choisissent plus les services Covid après y avoir passé trois semestres. "À raison", justifie Lila Bouadma car pour eux "c'est une perte dans leur formation. Ils n'ont vu qu'une catégorie de malades, la plus grave, qu'ils ne reverront probablement pas autant. Évidemment, ils ont choisi de protéger leur cursus", défend-elle. "Donc quand on parle de renforts, ça nous fait doucement sourire. Non seulement il n'y a pas de renforts mais on est encore moins nombreux".

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