Vaccination contre le Covid-19 : pourquoi le Conseil scientifique recommande-t-il de doubler le dosage de l'injection de rappel de Moderna ?
La dose de rappel du vaccin Moderna est actuellement de 50 microgrammes. Ce dosage pourrait être doublé prochainement, donc atteindre 100 microgrammes "pour induire une meilleure réponse immunologique vis-à-vis du variant Omicron", déclare le Conseil scientifique dans son avis du 8 décembre.
La campagne de rappel vaccinal pourrait-elle bientôt évoluer, face à la progression du variant Omicron du Covid-19 ? L'hypothèse est émise, particulièrement au sujet du vaccin Moderna. Dans son dernier avis, mercredi 8 décembre, le Conseil scientifique a évoqué une possible augmentation du dosage de l'injection de rappel du laboratoire américain, dans un contexte de poussée des cas de contamination au variant Omicron.
"Le vaccin Moderna peut être administré chez les personnes de plus de 30 ans avec une efficacité équivalente à celle du vaccin Pfizer et sans risque supplémentaire. La dose de rappel de Moderna est actuellement de 50 microgrammes. Elle pourrait être augmentée dans les semaines qui viennent à 100 microgrammes pour induire une meilleure réponse immunologique vis-à-vis du variant Omicron", développe l'instance conseillant le gouvernement sur la réponse à apporter à la pandémie. Que disent les recommandations actuelles sur le dosage de la troisième injection de Moderna ? Quels sont les éléments qui conduisent le Conseil scientifique à émettre cette proposition ?
Avant Omicron, une demi-dose jugée suffisante
Les données initiales présentées par Moderna sur sa dose de rappel faisaient état, dès le mois de mai, d'une simple demi-dose administrée aux patients ayant déjà reçu deux doses de vaccin contre le Covid-19. Dans un communiqué*, la société américaine expliquait que ses données préliminaires, issues des essais de phase 2, montraient déjà "qu'une simple dose de 50 microgrammes", administrée en rappel, "augmentait les réponses des titres d'anticorps neutralisants contre le Sars-CoV-2 et deux variants préoccupants", les variants Beta et Gamma.
Ces premières données ont suivi dans les recommandations officielles. En octobre, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé le recours à une troisième dose de 50 microgrammes du vaccin Spikevax de Moderna, six mois après l'administration de leur deuxième dose. "Cette recommandation s'appuie sur des preuves cliniques qu'une dose de rappel de 50 microgrammes entraîne une forte réponse immunitaire contre le Covid-19", a alors souligné Moderna*. Quelques semaines plus tard, l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (FDA) a, à son tour, approuvé l'usage de doses de 50 microgrammes du vaccin Moderna dans la campagne de rappel, constate le laboratoire*.
Plus récemment, l'étude Cov-Boost*, menée au Royaume-Uni, a évalué l'efficacité de plusieurs doses de rappel de vaccins contre le Covid-19, dont celle de Moderna. Comparant la protection apportée par une dose complète et une demi-dose du vaccin Pfizer, ces chercheurs ont observé qu'une demi-dose entraînait "un recul minime" de la capacité de réponse immunitaire. Ils ont conclu que les doses entières de vaccin ARN messager, y compris celui de Moderna, sont supérieures au dosage nécessaire pour obtenir une réponse immunitaire intéressante. Et donc que des demi-doses suffisent, tout en permettant "d'augmenter considérablement le nombre de doses disponibles dans le monde."
Mais on peut également lire l'étude d'une autre manière : elle montre que l'on peut également administrer une dose entière de vaccin en rappel, et que cela entraîne une meilleure réponse immunitaire, bien que de façon "minime".
Une réflexion face au nouveau variant
L'étude britannique, publiée le 2 décembre, a été réalisée en amont de la propagation du variant Omicron. Or, c'est bien cette situation qui préoccupe particulièrement le Conseil scientifique, et l'invite à formuler une augmentation de la dose de rappel de Moderna.
"S'est rajoutée depuis dix jours l'émergence d'un nouveau variant appelé Omicron, dont le profil mutationnel apparaît préoccupant, et pour lequel les premières informations disponibles suggèrent qu'il se répand extrêmement rapidement", rappelle l'instance dans son dernier avis. "Sa rapidité de propagation en population largement immunisée suggère qu'il possède une capacité d'échappement immunitaire très conséquente. (...) Les vaccins actuels ont une efficacité diminuée", même si elle reste "conservée".
Interrogé par Le Parisien, Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, confirme que l'évolution de la situation épidémique liée au variant Omicron a conduit l'instance à réfléchir à cette option d'un dosage plus élevé. "Pour lutter contre le variant Delta, une demi-dose de Moderna égale une dose de Pfizer. C'est largement suffisant (...). Il n'y a aucune hésitation à cet endroit", rappelle-t-il dans un premier temps. Mais "on sait que le variant Omicron risque d’entraîner un petit échappement immunitaire. Si la protection était beaucoup moins bonne, une option serait de revenir à une quantité plus importante", défend-il auprès du quotidien.
*Ces liens renvoient vers des pages en anglais.
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