Vaccin efficace à 90% contre le Covid-19 : "Nous sommes à l'aube d'une révolution technologique", salue un virologue
La méthode se fonde sur "l'utilisation d'acides nucléiques, en l'occurrence l'ARN [acides ribonucléiques]", explique Jean-François Saluzzo, expert auprès de l'OMS.
L'annonce des laboratoires Pfizer et BioNTech d'un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19, a suscité une vague d'espoir dans le monde alors que la pandémie continue de faire des ravages. Les bourses mondiales se sont envolées, même si l'essai clinique est encore en cours et devra être validé par les autorités nationales avant une mise sur le marché. C'est tout de même une étape très encourageante pour Jean-François Saluzzo, virologue et expert auprès de l'OMS, invité de France Inter mardi 10 novembre.
"Si effectivement ce vaccin est efficace, nous sommes à l'aube d'une révolution technologique dans le domaine des vaccins", a salué Jean-François Saluzzo, qui estime que cette avancée pourra permettre de "tourner la page des maladies infectieuses".
Un procédé révolutionnaire basé sur l'ARN
Le procédé utilisé est "tout à fait nouveau et révolutionnaire", selon le virologue. La méthode se fonde sur "l'utilisation d'acides nucléiques, en l'occurrence l'ARN [acides ribonucléiques]", détaille-t-il. Mais cela implique aussi que "les autorités vont devoir prendre des risques", car c'est "la première fois qu'on utilise ce type de vaccin". Et l'étape "de l'enregistrement de ce vaccin par les autorités nationales" est un processus qui peut prendre beaucoup de temps.
Néanmoins, "c'est la première fois qu'on fait une étude clinique de phase 3 en deux mois", remarque le virologue, généralement lors de la phase 3 d'un essai clinique, "on fait un suivi sur un an ou deux ans pour savoir si, au bout de six mois ou un an, le vaccin protège". Cette accélération du processus s'explique notamment par les gros investissements des pouvoirs publics dans la recherche.
Ce sont les gouvernements qui payent ce développement, donc les laboratoires peuvent se permettre de franchir toutes les étapes à grande vitesse, puisque le risque financier n'existe pas.
Jean-François Saluzzo, virologue et expert auprès de l'OMSà France Inter
Il faut aussi prendre en compte "le problème industriel", poursuit Jean-François Saluzzo qui se demande "qui est capable de produire des centaines de millions de vaccins et de doses". Pour le virologue, "il y a des espoirs, mais il ne faut pas anticiper de pouvoir être vacciné à la fin de l'année. Ce n'est pas réaliste. Il faudra des mois et des mois pour qu'on arrive à quelque chose de sérieux". Le grand public "devra probablement attendre le printemps", conclut Jean-François Saluzzo.
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