Le vaccin AstraZeneca réservé notamment aux soignants : un "choix logique" pour la Haute autorité de Santé
Même s'il est reconnu comme moins efficace que le Moderna ou le Pfizer, "ce vaccin a des performances tout à fait suffisantes", affirme la HAS. "Il sera utile aux personnels soignants à qui il évitera la majorité des formes symptomatiques".
"L'arrivée de ce troisième vaccin doit permettre au nombre de personnes vaccinées, qui n'a pas augmenté significativement ces derniers jours, d'augmenter de nouveau", a déclaré mercredi 3 février sur franceinfo la professeure Élisabeth Bouvet, infectiologue à l'Hôpital Bichat et présidente de la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de Santé, qui a donné mardi son feu vert au vaccin AstraZeneca. L'objectif est de vacciner 10 millions de personnes dans les trois mois qui viennent, notamment les professionnels de santé et les personnes à risque de moins de 65 ans.
franceinfo : La campagne de vaccination patine, est-on en train de gérer la pénurie en attendant ce nouveau vaccin ?
Élisabeth Bouvet : Le rythme de la campagne vaccinale est en train de se modifier. L'arrivée de ce troisième vaccin doit permettre au nombre de personnes vaccinées, qui n'a pas augmenté significativement ces derniers jours, d'augmenter de nouveau.
"On va orienter tous les autres vaccins, dont on connaît l'efficacité sur les plus de 65 ans, et on va réserver le vaccin AstraZeneca aux personnes plus jeunes, dont les professionnels de santé."
Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HASà franceinfo
Il est impératif de vacciner toutes les personnes qui sont en contact avec des patients et les personnes plus jeunes, qui sont malgré tout à risque, celles qui ont entre 50 et 65 ans avec des comorbidités puis celles qui n'en ont pas. Ceci permettra dans les trois mois qui viennent, février, mars et avril, de vacciner 10 millions de personnes avec ce vaccin AstraZeneca.
Ce vaccin est moins efficace que les vaccins Moderna et Pfizer, est ce qu'on ne prend pas un risque en le réservant aux soignants ?
Ce choix, qui est fait, est un choix logique. Ce vaccin a des performances tout à fait suffisantes, on le réserve donc à des personnes qui ont des risques moins élevés de faire des formes graves mais ce qu'on sait aussi c'est que ce vaccin a quand même une efficacité très nette sur les formes graves. Il sera donc utile aux personnels soignants à qui il évitera la majorité des formes symptomatiques, leur permettant ainsi de rester dans leurs activités professionnelles sans être en proie à une maladie qui les gênerait. C'est un choix logique. C'est le plus rationnel si on cherche à éviter un trop grand nombre de malades dans les services de réanimation.
Le vaccin russe, le vaccin Spoutnik V, semble avoir un taux d'efficacité d'un peu plus de 90% selon la revue The Lancet, faut-il d'urgence l'ajouter à notre panoplie ?
Il n'est pas exclu qu'on l'ajoute mais il faut qu'on ait le loisir d'étudier le dossier et il faut d'abord que les fabricants de ce vaccin déposent le dossier. Si le vaccin est soumis aux autorités sanitaires, une fois l'avis rendu, bien évidemment il pourra faire partie des vaccins utilisés en France. Nous attendons aussi d'autres vaccins, donc il y aura une augmentation au fil du temps du nombre de vaccins à notre disposition.
Le variant britannique du virus est lui-même en train de muter, faut-il s'en inquiéter et est-ce que ça rend les vaccins moins efficaces ?
Pour l'instant nous n'avons pas de données sur l'efficacité des vaccins sur ce nouveau sous-variant qui semble néanmoins très peu répandu. Mais, pour le moment, ce qu'on sait c'est que sur le variant anglais, les vaccins dont on dispose sont efficaces. Sur le sud-africain, les données sont un peu moins claires, il est possible que l'efficacité existe mais qu'il y ait besoin d'avoir des taux d'anticorps plus élevés, ce qui rend le vaccin moins actif.
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