Fin du masque à l'extérieur : "Tout à fait faisable dès début juillet", selon l'infectiologue Christian Rabaud
Selon l'infectiologue, pour atteindre l'immunité collective face aux variants, il faudra peut-être atteindre 80% de personnes vaccinées en France.
La fin du port du masque obligatoire à l'extérieur est "une mesure qui sera tout à fait faisable dès début juillet", estime ce dimanche 13 juin sur franceinfo l'infectiologue Christian Rabaud, président de la commission médicale d'établissement du CHRU de Nancy. La fin du masque obligatoire à l'extérieur "sauf dans certaines circonstances où on peut être très proches les uns des autres comme lorsqu'on traverse un marché" lui semble être une mesure "peu dangereuse". Selon Christian Rabaud, on peut s'attendre à "un été quand même plus simple" car tous les chiffres de l'épidémie "vont dans le bon sens". En revanche, il plaide pour le maintien du calendrier actuel, avec le couvre-feu à 23h jusqu'au 30 juin et met en garde contre les variants qui pourraient rendre nécessaire d'atteindre "80% de la population" vaccinée pour avoir l'immunité collective.
franceinfo : Cette semaine, le président du conseil scientifique expliquait qu'il serait sûrement difficile de maintenir le masque obligatoire au-delà du 30 juin. C'est votre avis ?
Christian Rabaud : La bonne nouvelle, c'est que tous les chiffres allant dans le bon sens, cette perspective de supprimer le port du masque à l'extérieur apparait à la fois possible et probablement peu dangereuse. Nous sommes dans une évolution qui nous laisse espérer un été quand même plus simple. Et je pense que ne pas le garder à l'extérieur, sauf dans certaines circonstances où on peut être très proches les uns des autres, comme lorsqu'on traverse un marché, va être une mesure qui sera tout à fait faisable dès le début du mois de juillet.
On a vu des fêtes à l'extérieur ce week-end qui ont fini tard, dispersées par la police. Est-ce que ça représente un danger particulier ?
Il ne faut pas aller trop vite. Il est prévu au 30 juin de lever ce couvre-feu. On voit que les choses vont beaucoup mieux, les chiffres baissent. Pour autant, ils ne sont pas les mêmes que ceux que l'on avait à la mi-juin l'année dernière. Le taux d'incidence est à 50 pour 100 000 habitants quand on était à 5, même si à l'époque il y avait moins de tests ; il y avait moins de 1 000 patients en réanimation, il en reste 2 000. Donc on voit qu'on va dans le bon sens, on est en train de réussir le pari de la vaccination, avec des variants qui, même s'ils se transmettent plus, restent sensibles aux anticorps produits par la vaccination. On aligne un certain nombre de signaux dans le vert qui laissent penser qu'on avance dans le bon sens. Maintenant, il ne faut pas se précipiter. Attendre encore un peu avant de retrouver encore plus de liberté parait important, en particulier pour les soignants : que nos hôpitaux retrouvent complètement leur situation antérieure et puissent repartir dans la fonction qui est la leur de reprendre en charge l'ensemble des patients. Ce calendrier que l'on trouvait trop court à l'époque, on le trouve maintenant trop long. Je pense que finalement il y a la bonne séquence. Respectons ce calendrier, il n'y a pas d'urgence à aller plus vite et à le regretter potentiellement après. On voit que quelques clusters de variants delta ou indien peuvent voir le jour. Il faut encore se donner un petit peu de temps pour bien caler les choses.
Avec le cap des 30 millions de personnes ayant reçu une première dose de vaccin, est-on est bien partis pour atteindre la fameuse immunité collective ?
Oui, je le pense. Le problème, c'est que si certains variants se transmettent plus, le taux de population à vacciner pour atteindre l'immunité collective est plus fort. Les variants dit anglais [alpha] puis indien [delta] sont plutôt des variants qui se transmettent plus, donc ça nécessite qu'on soit plutôt à 80% de la population vaccinée. Là, on n'y est pas, on est à 50%. Mais les chiffres avançant très vite et les doses de vaccin étant présentes, les choses vont continuer à s'accélérer. La population française n'est pas faite d'adultes à 80%, donc il faut étendre la vaccination et il faut que les jeunes soient concernés. Le virus ne va pas disparaître, les plus jeunes vont être confrontés à ce virus. donc aborder dès maintenant la question de la vaccination des adolescents semble être complètement adapté.
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