Covid-19 : sept syndicats de sapeurs-pompiers expriment leur opposition à la vaccination obligatoire
Ils font partie des professions pour lesquelles la vaccination devrait devenir obligatoire à compter du 15 septembre.
Ils y voient une "atteinte aux libertés individuelles". Sept syndicats représentatifs des sapeurs-pompiers demandent le retrait, pour leur profession, de l'obligation de vaccination contre le Covid-19, dans un communiqué commun adressé aux parlementaires, lundi 19 juillet. Le projet de loi portant sur les nouvelles restrictions pour enrayer la circulation du virus, dont la vaccination obligatoire de certaines professions à partir du 15 septembre, a été présenté lundi en Conseil des ministres et doit être débattu mercredi à l'Assemblée nationale.
En attendant, les sept syndicats de pompiers affichent leur désaccord envers cette obligation. "Nous ne sommes pas contre la vaccination, mais contre son obligation", assure Sébastien Delavoux, animateur collectif CGT des agents Sdis, contacté par franceinfo. Pour le syndicaliste, l'employeur a manqué de pédagogie. "On ne s'est pas donné les moyens de convaincre les pompiers de se faire vacciner, défend-il. Cette manière de l'imposer sous la menace d'une sanction a rebuté les hésitants."
LES SAPEURS-POMPIERS REFUSENT LA POLITIQUE DU BATON Sept organisations syndicales représentatives des https://t.co/AuuUgG0ZIM
— SNSPP-PATS (@SNSPP_PATS) July 19, 2021
Un risque de désaffection des pompiers volontaires ?
Les organisations syndicales pointent également du doigt le "climat de défiance" qu'a instauré le gouvernement. "Au début de la pandémie on nous a dit qu'on ne courait aucun risque et on nous a envoyés au front sans protections", se remémore Xavier Boy, président de la Fédération autonome des sapeurs pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés (FA SPP PATS), contacté par franceinfo. "Puis on a demandé aux sapeurs-pompiers qui étaient malades et sans symptômes de venir travailler, et maintenant, alors que nous sommes en bonne santé, on nous oblige à nous vacciner pour protéger la population", relate le syndicaliste, qui redoute une stigmatisation des pompiers non vaccinés.
Cette obligation cristallise aussi une discrimination au sein de la corporation, entre les sapeurs-pompiers professionnels et les volontaires, selon les syndicats. Car si les premiers, tenus par le Code du travail, risquent une suspension de deux mois sans salaire puis un licenciement pour non-respect de l'obligation, les seconds, étant volontaires, ne sont contraints en rien. "S'ils veulent rentrer chez eux, on ne peut pas les en empêcher", précise Sébastien Delavoux, qui redoute une désaffection. Or, "environ 80% des effectifs sont des pompiers volontaires et s'ils décident de se mettre en suspension de contrat, nous manquerons encore plus d'effectifs, notamment dans les centres de vaccination", s'inquiète-t-il.
Pour le maintien du "libre choix"
Les organisations syndicales, qui affirment ne pas avoir été consultées pour la mise en place de cette obligation, exigent le "maintien du libre choix" quant à la vaccination. Impossible aujourd'hui de savoir combien de sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ne sont pas vaccinés car les organisations syndicales n'ont pas accès à cette information, qui relève du secret médical. "Nous estimons que 50% de la population des sapeurs-pompiers est vaccinée", calcule Xavier Boy, qui précise avoir reçu ses deux doses de vaccin.
A défaut d'une suppression de cette obligation, les syndicatis espèrent une prolongation du délai au-delà du 15 septembre pour justifier d'un schéma vaccinal complet. "Actuellement, de nombreux centres de vaccination sont fermés et avec des délais qui s'allongent pour avoir un rendez-vous, il est quasiment impossible d'avoir deux doses d'ici le 15 septembre", assure Sébastien Delavoux. En attendant la promulgation de la loi, les organisations syndicales se disent prêtes "à accompagner juridiquement tous les pompiers qui seront mis à pied parce que non vaccinés", conclut Xavier Boy.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.