Covid-19 : où en est-on dans la course aux vaccins qui doivent être livrés dans les pays de l'Union européenne ?
Deux vaccins, celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna, sont actuellement disponibles dans l'UE et ont permis de lancer les campagnes de vaccination. Quatre autres devraient arriver dans le courant de l'année 2021.
Les livraisons de vaccins prennent du retard et l'Europe s'impatiente. De nouveaux variants repoussent le temps de l'éradication de la pandémie du Covid-19 et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rappelé aux fabricants de vaccins commandés par l'UE qu'ils "doivent maintenant tenir leurs promesses et honorer leurs obligations", mardi 26 janvier. En France, 1 964 355 doses de vaccins ont été reçues par les autorités au 24 janvier (et 1 026 871 doses avaient été injectées à cette date). Sur les 806 341 doses actuellement en stock, 792 691 proviennent de Pfizer-BioNTech et 13 650 de Moderna. Franceinfo fait le point sur l'état d'avancement des six vaccins autorisés ou bientôt autorisés en France.
Pfizer-BioNTech promet "plus de 100 millions de doses" pour l'UE d'ici fin 2021
L'Union européenne a commandé jusqu'à 400 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech à base d'ARN messager et a proposé aux Etats membres d'en acheter 200 millions supplémentaires. En France, le 26 janvier, 1 184 510 doses de ce vaccin, le premier arrivé sur le marché, ont été injectées.
Par ailleurs, le gouvernement français a demandé à Sanofi de mettre à disposition ses chaînes de fabrication pour augmenter la production de vaccins Pfizer-BioNTech. "Nous devrions pouvoir fournir plus de 100 millions de doses d'ici la fin de l’année, qui seront destinées à l'Union européenne et donc en partie à la France", a promis Paul Hudson, le directeur général de Sanofi dans une interview accordée au Figaro (article payant). A partir de juillet, Sanofi va ainsi mettre en flacons, dans son usine de Francfort (Allemagne), le vaccin fourni par Pfizer-BioNTech, ce qui devrait permettre d'accélérer la production.
Moderna devrait fournir "8 millions de doses" à la France "d'ici à fin juin"
L'Union européenne a commandé jusqu'à 240 millions de doses du vaccin Moderna fabriqué, lui aussi, selon la technique de l'ARN messager. En début d'année, Moderna a déclaré avoir augmenté son "estimation de production mondiale de base de 500 à 600 millions de doses pour 2021". L'entreprise américaine a précisé "qu'elle continuait d'investir et d'ajouter du personnel pour atteindre potentiellement 1 milliard de doses pour 2021".
En France, les premières livraisons ont débuté début janvier avec 50 000 premières doses reçues. "D’ici à fin juin, ce sont près de 8 millions de doses qui sont attendues pour le vaccin Moderna, a affirmé le ministère de la Santé, le 10 janvier. Les livraisons se poursuivront sous quinzaine et monteront en charge dans le courant du premier trimestre."
Si la production pour les Etats-Unis est en bonne voie d'être respectée, selon Moderna, celle pour l'Europe est ralentie en raison du retard d'investissements de l'Union européenne dans la société Moderna, selon son PDG, le Français Stéphane Bancel. "L'une des raisons pour laquelle la production est plus avancée aux Etats-Unis qu'en Europe est que le gouvernement américain a pris des risques financiers très tôt, a-t-il expliqué lors de son interview sur LCI mercredi matin. En Europe, nous n'avons pas eu un euro d'aide pour acheter des machines, embaucher du personnel ou sécuriser des matières premières très importantes pour la fabrication du vaccin."
AstraZeneca annonce des livraisons à la baisse et est sommé de rendre des comptes
L'Union européenne a précommandé jusqu'à 300 millions de doses du vaccin AstraZeneca à base d'adénovirus avec une option de 100 millions supplémentaires. Mais la firme AstraZeneca, née de la fusion de deux grands groupes pharmaceutiques suédois et britannique, a annoncé, en fin de semaine dernière, une baisse de 60% des livraisons attendues. En cause : la suspension temporaire des essais cliniques aux Etats-Unis en septembre-octobre, et des problèmes de rendement dans sa chaîne de production européenne.
AstraZeneca estimait encore, en novembre 2020, sa capacité de production mondiale à 700 millions de doses au premier trimestre 2021, rapportent Les Echos (article payant). La France, elle, comptait sur 5 millions de doses d'ici début mars. Hier, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, a demandé "à ce qu'il y ait une inspection de l'usine". "Soit il y a un problème industriel et il vaut mieux que tout le monde se mobilise pour le régler, soit il y a un problème d’exportation et l’Union européenne peut prendre des mesures de contrôle, voire d’autorisation des exportations", a soulevé Agnès Pannier-Runacher sur franceinfo, le 27 janvier.
Johnson & Johnson attend les résultats de son essai
L'Union européenne a précommandé jusqu'à 200 millions de doses du vaccin Johnson & Johnson à base d'adénovirus, avec la possibilité d'en acheter 200 millions supplémentaires.
Le laboratoire américain, qui a développé un vaccin via sa filiale belge Janssen Pharmaceutica, a dû suspendre son essai en phase 3 (test à grande échelle sur des dizaines de milliers de personnes) en raison d'un participant malade le 12 octobre 2020. Des événements indésirables graves sont "une composante attendue de toute étude clinique, spécialement les études d'ampleur", a indiqué Johnson & Johnson. L'essai a pu reprendre en décembre et les données devraient être disponibles d'ici la fin janvier, indique Johnson & Johnson. La société prévoit de soumettre une demande d'autorisation d'utilisation d'urgence à la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis ainsi que dans d'autres pays, en février.
Sanofi-GSK cible une mise sur le marché au dernier trimestre
L'Union européenne a précommandé jusqu'à 300 millions de doses du vaccin de la firme française Sanofi à base de protéines recombinantes. Son vaccin est développé en partenariat avec l'industriel pharmaceutique britannique GSK. Selon Paul Hudson, le patron de Sanofi, il sera prêt non plus fin juin mais au dernier trimestre 2021. Sanofi a justifié ce retard par la "réponse immunitaire insuffisante" de son vaccin sur les seniors. "Nous obtiendrons les premiers résultats sur le dosage et l’efficacité en mai, après quoi nous pourrons entamer notre phase 3. Nous visons une mise sur le marché pour le dernier trimestre de l’année", assure Paul Hudson auprès du Figaro.
Pour le patron de Sanofi, l'arrivée tardive du vaccin Sanofi-GSK sur le marché n'est pas un handicap car il estime que la technologie développée par son laboratoire "pourrait être plus efficace contre ces mutations du virus ou pour certaines sous-populations grâce à son adjuvant".
Curevac vise une homologation et "plus de 300 millions de doses" pour l'UE en 2021
L'Union européenne a précommandé jusqu'à 300 millions de doses du vaccin Curevac à base d'ARN messager. Le vaccin Curevac est actuellement à la phase 3 de ses essais cliniques. La biotech allemande qui le met au point espère que ces essais seront achevés d'ici la fin du premier trimestre, rapporte Le Monde (article payant). En s'associant avec le groupe pharmaceutique et agrochimique allemand Bayer pour la partie production, Curevac compte accélérer le processus d’homologation de son vaccin par les autorités de santé européennes. Selon Franz-Werner Haas, le patron de Curevac, l'approbation devrait intervenir au plus tard au début du deuxième trimestre, comme il l'a précisé dans le quotidien allemand Handelsblatt (article en allemand). Grâce à cette association avec Bayer, Curevac ambitionne de produire plus que les "300 millions de doses" initialement prévues en 2021.
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