Covid-19 : les médecins veulent avoir accès à la liste des patients non-vaccinés, la Cnil tarde à rendre son avis
Cette mesure est réclamée par plusieurs syndicats et par l'Ordre des médecins pour vacciner plus efficacement dans les semaines qui viennent. Mais la Commission nationale de l'informatique et des libertés n'a pas encore donné son feu vert.
Alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 patine, avec une baisse des primo-injections, la Cnil tarde à donner son feu vert à la transmission de la liste des patients vaccinés aux médecins libéraux. Cette mesure est réclamée par les syndicats et par l'Ordre des médecins. Elle a été promise par Olivier Véran, le ministre de la Santé, mais la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) pourrait ne pas l'approuver car elle craint des atteintes au secret médical.
L'objectif pour les généralistes, avec cette liste, est de de pouvoir contacter et mobiliser plus facilement leurs patients qui n'ont pas été vaccinés. Les médecins ne comprennent pas les réticences de la Cnil d'obtenir de l'Assurance maladie cette liste de leurs patients déjà vaccinés. "Le médecin traitant a déjà accès à ces informations puisqu'il lui suffit de les consulter sur le système d'information pour savoir qui est vacciné et qui ne l'est pas", avance Jacques Battistoni, le président du syndicat MG France. "Les médecins conseils de l'Assurance maladie ont déjà le partage du secret médical avec les médecins traitants, renchérit Patrick Bouet, le président du conseil national de l'Ordre des médecins. C'est d'ailleurs par ce biais, et uniquement par ce biais, que nous pensons que l'échange d'informations peut se faire."
"Le fait d'avoir la liste, c'est simplement de gagner du temps, d'aller plus vite. Il est hors de question que ces listes soient transmises à l'extérieur et on est dans le cadre du secret médical partagé entre le médecin traitant et le patient."
Jacques Battistonià franceinfo
Selon ces médecins, il n'y a aucune atteinte au secret médical. "Le problème n'est pas la dimension de l'atteinte au secret médical, le problème est de savoir si nous allons mener une campagne nationale pour augmenter la couverture vaccinale, avance Patrick Bouet qui attend impatiemment l'avis de la Cnil. Selon nous, l'Ordre des médecins, nous disons que ce serait un élément majeur pour que les médecins puissent facilement recontacter les patients pour leur proposer la vaccination."
D'autres leviers existent
L'accès au listing des patients vaccinés simplifierait la vie des médecins, mais pour Jérôme Marty, président du syndicat UFML, il y a d'autres solutions pour amplifier les injections. "Il ne faut pas s'imaginer qu'on va appeler tous nos patients puisque la plupart des médecins généralistes n'ont pas de secrétaire et ils n'ont pas le temps de faire ce genre de choses, malheureusement."
Jérôme Marty préconise "d'autres mesures facilitatrices" : "Qu'on nous aide avec une vraie campagne de santé publique pour expliquer aux gens ce qu'est un vaccin à ARN, pourquoi ce n'est pas une thérapie génique, pourquoi ça ne représente pas un danger.". Il faudrait aussi convaincre les plus précaires, soit six millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant. Pour eux, il faudra plus qu'un listing pour leur proposer la vaccination.
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