Covid-19 : la quatrième dose "est un peu un pari", admet un immunologue israélien
Cyrille Cohen reconnaît une insuffisance de "données en ce qui concerne l'efficacité et la sûreté" d'une quatrième dose de vaccin anti-Covid.
Pour la quatrième dose, "il y a beaucoup d'interrogations, c’est un peu un pari", a déclaré lundi 3 janvier sur franceinfo Cyrille Cohen, immunologue à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, membre du Conseil consultatif sur les essais cliniques des vaccins contre le Covid-19. Ce qui dérange certains experts, "c’est qu'on n'a pas suffisamment de données en ce qui concerne l'efficacité et la sûreté" de cette 4e dose, souligne-t-il, même si les premières données sont plutôt rassurantes. "Elle est ouverte" aux plus fragiles, mais "elle n'est pas nécessairement recommandée", souligne-t-il.
franceinfo : Qui sont les personnes concernées par cette 4e dose ?
Les gens qui sont concernés sont les plus de 60 ans et les personnels soignants parce que pour les immunodéprimés cela avait déjà été décidé et acté il y a à peu près une semaine. Ce sont les deux catégories qui ont été rajoutées. Il y a eu et il y a encore des hésitations. Je tiens à le dire. D'un côté, ce que l'on voit une fois de plus, c'est qu'il y a une montée fulgurante des cas Omicron. Ce n’est pas une surprise. On est passé de 1 000 cas, il y a deux semaines, à 3 000 et maintenant 6 000. On va sûrement dépasser les 10 000 cas. La deuxième chose aussi, c'est qu’on se rend compte qu'au niveau de la contamination, les vaccins protègent moins. Ce qui dérange un peu certains experts, c'est qu'on n'a pas suffisamment de données en ce qui concerne l'efficacité et la sûreté. Vu qu'on a été un peu pionnier, on a un essai clinique qui a commencé il y a à peu près dix jours sur la quatrième dose. Les données qu'on a aujourd'hui montrent que, pour l'instant, il y a une certaine innocuité à cette quatrième dose en ce qui concerne les effets indésirables à court terme. Tout ce qu'on connaissait jusqu'à présent fièvre, courbatures, etc. Mais rien d'autre de plus alarmant.
Cela veut dire qu’il y a toujours des interrogations sur la 4e dose ?
Il y a beaucoup d'interrogations. Il y a plusieurs membres de plusieurs comités qui le disent de manière claire. C'est un peu un pari dans un sens, mais d'un autre côté, une fois de plus, il y a des gens qui la demandent. Il y a des gens qui disent : on veut être plus protégés, donc ajoutez une espèce de couche de protection à ce qu'il y avait déjà, surtout pour les plus fragiles. C’est aussi compréhensible. Donc elle est ouverte. Elle n'est pas nécessairement recommandée.
Vous testez la 4e dose parce que vous observez une baisse de la protection de la 3e dose ?
On teste peut-être les quatrièmes doses, mais on aimerait bien voir d'autres pays aussi faire cela, par exemple, la France. On n'a pas vu une baisse de la protection en ce qui concerne les formes graves. Il est très important de le dire, vraiment, même face à l’Omicron.
"La troisième dose protège de façon excellente contre les formes graves. Ce que l'on voit et ce que l'on connaissait, c'est qu’après quelques semaines, on voit une baisse au niveau de la protection en ce qui concerne les contaminations."
Cyrille Cohen, immunologue à l’université Bar-Ilan de Tel-Avivà franceinfo
Et aujourd'hui, en Israël, vous pouvez être contaminé même si vous avez fait votre troisième dose de manière générale. Mais de l'autre côté, en général vous ne faites pas de forme grave. Les gens qui ne sont pas vaccinés sont surreprésentés dans les hôpitaux. Pour les plus fragiles, on voit une petite baisse de cette protection, mais ce n'est pas un effondrement comme on avait vu, par exemple, avec la seconde dose il y a quelques semaines.
Va-t-on se retrouver dans la même logique que la grippe, un vaccin réservé effectivement aux plus fragiles ?
C'est cela. Et même aujourd'hui, en Israël, on ne pense pas à l’étendre, par exemple, aux moins de 60 ans. ll était question de l'octroyer juste au plus de 70 ans. Finalement, il a été décidé aux plus de 60 ans. Donc oui, peut-être ! On espère s'orienter, entre l'immunité naturelle, les vaccins, les traitements qui sont arrivés aussi en Israël, vers un scénario qui ressemble à celui de la grippe, avec, peut-être, des rappels périodiques.
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