Covid-19 : face à la pénurie de vaccins, "on pourrait souhaiter" davantage de solidarité entre les laboratoires, estime une économiste de la santé
Covid-19 : face à la pénurie de vaccins, "on pourrait souhaiter" davantage de solidarité entre les laboratoires, estime une économiste de la santé
Le vaccin contre le Covid-19 de Sanofi ne sera pas prêt avant 2022, a prévenu la direction du laboratoire. Pour Nathalie Coutinet, économiste de la santé, professeure à l'université Paris 13, ce n'est pas une surprise. "Sanofi et la start-up Translate Bio ont démarré les recherches sur l'ARN messager beaucoup plus tardivement : ils sont encore dans les phases de tests pré-cliniques sur des animaux. Les tests cliniques n'ont pas encore commencé, il y a du retard, mais il y a du retard au départ sur cette technologie", explique-t-elle sur franceinfo, dimanche 14 février.
Cependant ce vaccin, "s'il n'arrive pas trop tard, sera intéressant car il n'a pas les mêmes modes de conservation que les vaccins Pfizer et Moderna", détaille Nathalie Coutinet. Cela n'empêchera pas le vaccin Sanofi d'avoir des débouchés commerciaux : "Toute la population ne sera pas vaccinée quand il va arriver. Et puis, de plus en plus les scientifiques annoncent qu'il va falloir revacciner les populations, peut-être tous les ans", souligne l'économiste.
"Le futur vaccin Sanofi est intéressant, surtout si ses modes d'administration et de logistique sont plus simples"
Nathalie Coutinetà franceinfo
Même si revacciner reste une hypothèse, avoir une variété de vaccins, qui peut s'adapter aux spécificités du virus est "un argument recevable, estime Nathalie Coutinet, d'autant que le vaccin AstraZeneca n'a pas l'air d'être très efficace sur les variants. Il ne faut pas arrêter la recherche sur la vaccination, c'est un virus qui mute en permanence".
Au-delà de cela, l'ARN messager se présente comme une "technologie d'avenir pour beaucoup de pathologies, (la recherche sur cette technologie) est d'ailleurs une recherche très antérieure à l'arrivée du Covid dans le monde", explique l'économiste. Une perspective d'autant plus prometteuse pour Sanofi et Translate Bio "qu'elles ont un partenariat de deux milliards de dollars quasiment pour développer plusieurs vaccins sur une période de plusieurs années", indique l'économiste.
Interrogée ensuite sur la coopération entre laboratoires, avec notamment Sanofi qui met à disposition une usine allemande pour aider Pfizer à produire son vaccin, la chercheuse souligne que "c'est relativement inédit". "Mais Sanofi va seulement mettre en flacon le vaccin, c'est une aide sur une étape de production", ajoute-t-elle.
>> Vaccins contre le Covid-19 : comment Sanofi va prêter main-forte à son concurrent Pfizer
En revanche, l'économiste estime "qu'on pourrait souhaiter que les laboratoires qui ont des brevets donnent beaucoup plus de licences à d'autres acteurs pour que cette pénurie de vaccins soit réduite au niveau mondial". Selon elle, cette limite s'explique par le fait que "les firmes pharmaceutiques sont des lobbies très puissants, qui défendent bec et ongle ses intérêts. (...) Les brevets sont une source de profit considérable ; ouvrir une brèche sur ces brevets, c'est réduire les produits et ça, les firmes ne veulent pas l'entendre pour le moment", conclut Nathalie Coutinet.
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