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Covid-19 : Nuvaxovid, Paxlovid, Comirnaty... comment les noms des médicaments et vaccins sont-ils choisis ?

Avec l'épidémie de Covid-19, de nouveaux médicaments ou vaccins font leur apparition. Il y a souvent plusieurs appellations pour un produit. Franceinfo vous explique comment elles sont décidées.

Article rédigé par Thomas Destelle
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des doses de Comirnaty, le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer et BioNtech. Photo d'illustration. (ST?PHANIE PARA / MAXPPP)

Nuvaxovid, Paxlovid, Spikevax ou encore Comirnaty, vous avez sans doute entendu ces noms de médicaments ou de vaccins contre le Covid-19. Des appellations parfois complexes qui n’ont pas été décidées par hasard. "Le choix du nom d’un médicament n’est pas anodin", rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur son site internet. Si elle est mal choisie, l’appellation peut "entraîner des risques pour les patients ou les professionnels de santé", pointe l’institution chargée d’évaluer les risques sanitaires des médicaments et des produits de santé. Franceinfo vous aide à y voir plus clair sur ce qui détermine le choix du nom des médicaments.

Une dénomination internationale décidée par l’OMS

"Tu as eu une dose de rappel de tozinaméran ou d’élasoméran ?" Si personne ne prononce cette phrase, ce sont pourtant les noms des vaccins les plus injectés en France, respectivement celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna. Il s’agit de leur dénomination commune internationale (DCI). La DCI d’un médicament correspond au nom de la substance active qui le compose, explique le site du ministère de la Santé. Il s’agit donc du nom scientifique du produit.

La DCI est souvent vue comme le "vrai" nom du médicament. Elle doit permettre de délivrer des informations-clés grâce à des préfixes ou suffixes qui permettent de reconnaître les substances d’un même groupe pharmacologique ou chimique. Il y a par exemple, le suffixe -olol qui désigne la famille des bêtabloquants ou -azépam celle des benzodiazépines. Concernant les vaccins contre le Covid-19, le suffixe -meran indique qu'il s'agit d'un vaccin à ARN messager.

Cette dénomination internationale doit être prononçable dans un grand nombre de langues, et doit permettre d'identifier une substance dans tous les pays. Il peut arriver cependant qu’une DCI soit différente d’une dénomination nationale. La DCI est attribuée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui suit l’avis d’experts en pharmaceutique. Le processus de sélection comporte trois étapes principales indique le site de l’OMS : la demande est présentée par le fabricant ou l’inventeur ; puis, une DCI proposée est choisie et publiée pour observations ; enfin, si aucune objection n’a été soulevée dans le délai imparti, la dénomination obtiendra le statut de DCI recommandée et sera publiée comme telle. Le fabricant du médicament ne détient pas cette DCI mais il peut ensuite donner un nom de marque à son médicament.

Un nom de marque répondant à des règles précises

La DCI est donc souvent différente du nom de marque choisi par les laboratoires pharmaceutique. En effet, le vaccin de Pfizer-BioNTech s’appelle Comirnaty, et Spikevax pour celui de Moderna. Pour le Comirnaty, les créateurs du vaccin expliquent dans un communiqué (lien en anglais) que ce nom "représente une combinaison des termes 'Covid-19', 'ARNm', 'communauté' et 'immunité'. Il s'agissait de mettre en évidence la première autorisation d'un vaccin à ARN messager (ARNm), ainsi que les efforts mondiaux conjoints, menés en pleine pandémie mondiale, qui ont rendu cette réalisation possible avec une rigueur et une efficacité sans précédent, la sécurité restant à tout moment au cœur de toutes les préoccupations." Le nom commercial d’un médicament répond donc à d’autres questions que la DCI. Cette appellation est généralement courte, facile à mémoriser, et peut être différente selon les pays.

Le choix du nom répond cependant à des règles précises. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a émis en 2018 des recommandations à l’attention des demandeurs et titulaires d’autorisations de mise sur le marché et d’enregistrements de médicaments . Elles peuvent aller d’un encadrement plus strict de la mention de l’arôme dans le nom ou de l’arrêt de l’utilisation des "marques ombrelles". L’agence recommande par ailleurs que le médicament qui va sortir doit porter un nom qui n’est pas similaire à un autre produit pour éviter toute confusion lors de la prescription, la délivrance ou l’absorption. Les noms doivent être formés d’un seul mot. Il ne doit pas y avoir de tirets, chiffres isolés, d’abréviations ou de lettres isolées qui ne soient pas explicitées.

L’agence veut aussi éviter les noms trop promotionnels. Elle proscrit l’utilisation de certains segments dans les noms de médicaments "dans la mesure où ils sont susceptibles de véhiculer un message promotionnel relatif à l’utilisation du médicament". L’agence cite notamment notamment "Fort", "Faible", "Plus", "Moins", "Ultra", "Vite", "Hyper", "Vital", "Flash", "Control", "Stop", "Anti" ou encore "Bio". Elle indique aussi qu’il n’est pas autorisé d’utiliser un nom ou une syllabe orthographiée autrement avec le même but, comme "For".

À noter que l’ANSM n’interdit pas d’utiliser la dénomination commune suivie du nom de la marque ou du nom de l’entreprise pharmaceutique. Une manière de simplifier le vie des patients ? Depuis le 1er janvier 2015, tous les médicaments doivent être prescrits en dénomination commune internationale.

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