Covid-19 : ce qu'il faut retenir du rapport du collectif citoyen sur la stratégie vaccinale du gouvernement
Trente-et-un Français et Françaises tirés au sort ont rendu leurs recommandations à Alain Fischer, chargé de coordonner la campagne de vaccination en France.
"Peut mieux faire." Dans un rapport rendu public lundi 3 mai, les membres du collectif citoyen sur la stratégie vaccinale contre le Covid-19 dressent un bilan sans concession de la campagne de vaccination française. Trente-et-une personnes tirées au sort avaient été chargées de réfléchir à des pistes pour améliorer l'adhésion à la campagne de vaccination. Franceinfo fait le bilan des principales recommandations, remises le 27 avril à Alain Fischer, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale.
Rendre la communication plus claire
Dans leur rapport, les membres du collectif citoyen critiquent le manque de clarté dont ont pu faire preuve les autorités. Pour renforcer la confiance vis-à-vis de la campagne vaccinale, le collectif juge qu'il est nécessaire d'avoir "une information qui ne change pas du jour au lendemain".
"Il y a eu trop de revirements en termes de communication, explique à franceinfo Gilles Duhamel, l'un des membres du collectif. Ça peut s'expliquer par le travail dans l'urgence avec des infos scientifiques qui arrivent au fur et à mesure. Mais ça ne donne pas confiance aux gens."
Le rapport critique notamment les réponses apportées par certains conseillers du 0 810 130 000, le numéro mis en place pour répondre aux interrogations sur la vaccination. Les membres du collectif demandent au gouvernement de s'assurer d'avoir des conseillers compétents, "ce qui ne paraît pas toujours le cas selon les remontées".
Privilégier la communication non gouvernementale
Les communications venant du gouvernement "risquent d'être mal perçues", soulignent les membres du collectif, qui expliquent que les opinions des spécialistes et des ministres s'opposent parfois et ne permettent pas de renforcer la confiance. Pour la rétablir, le collectif invite l'exécutif à penser à de nouvelles formes de communication, par exemple par le biais d'une émission dans laquelle des spécialistes répondraient à des questions de Français tirées au sort.
Brochures dans les salles d'attente, spots publicitaires télévisés, les membres du collectif citoyen insistent sur l'importance d'une couverture large. Ils encouragent également à faire appel aux coiffeurs, aux restaurateurs ou encore aux libraires pour transmettre les bons messages et inciter leurs clients à se faire vacciner. "Avoir un message dans la boulangerie où l'on va tous les jours aura plus d'impact, résume Gilles Duhamel. On évoque aussi une émission de télé hebdomadaire, mais avec des scientifiques, parce qu'aujourd’hui, la voix des politiques n’est plus crédible."
AstraZeneca, "une erreur à ne pas reproduire"
En matière de raté de communication, le constat du collectif citoyen est sans appel au sujet du vaccin britannico-suédois : "On a fait tout ce qu’il ne fallait pas." Les membres du collectif mettent notamment en cause le changement de nom, devenu Vaxzevria, ainsi que les positions contradictoires des Etats européens, car "la cacophonie génère de la suspicion", commentent-ils.
Mettre en place des mesures spécifiques pour cibler les plus jeunes
Passer par TikTok, YouTube et les réseaux sociaux... Le collectif insiste sur la nécessité de convaincre les jeunes et d'utiliser les bons canaux pour leur parler. "Les membres les plus jeunes du collectif travaillent en direct avec Alain Fischer et la cellule de communication du gouvernement, pour des messages à destination des jeunes", explique Gilles Duhamel.
"Il est important d’inclure les jeunes dans les campagnes d’information sur la vaccination car lorsque l’on va communiquer auprès d’eux cet été, il sera trop tard, ils auront la tête à voyager, bouger, souligne à franceinfo Lilya Gueddiche, elle aussi membre du collectif. Les jeunes sont hyper connectés et, par ce fait, sont vecteurs d’informations auprès de leur entourage. Ils peuvent informer leurs parents et leurs grands-parents qui sont aujourd’hui directement concernés par la vaccination."
Rendre les lieux de vaccination plus proches des gens
Se faire vacciner sur un marché ou lors de maraudes pour les personnes sans domicile fixe ? C'est ce que préconise le collectif citoyen, pour ne laisser personne à la marge de cette campagne. "Il faudrait aller vacciner avec des bus, faire ce qu’il se passe avec le don du sang, suggère Gilles Duhamel. Les vaccinodromes, c'est bien, mais tout le monde n’y va pas. On évoque aussi des maraudes pour les SDF ou la vaccination des saisonniers."
Le rapport souligne également l'importance de cibler "les populations cachées". "Par exemple pour les migrants à Calais, ce seraient les associations qui pourraient s'occuper de leur vaccination, souligne Gilles Duhamel. Ce sont des candidats idéaux au Janssen, car il suffit d’une seule dose."
Faciliter la prise de rendez-vous et la gestion des listes d'attente
Pour le collectif, "le système de prise de rendez-vous ne fonctionne pas correctement". Pour y remédier, il propose notamment "de demander l’inscription du numéro de Sécurité sociale dans les demandes de prise de rendez-vous, et connecter les différentes bases de prise de rendez-vous pour éviter les doublons et le gaspillage de doses", de "mettre à disposition dans les mairies des ordinateurs pour la prise de rendez-vous via Doctolib" ou encore de développer "un dispositif très réactif" au niveau des départements, avec "des remontées quotidiennes" d'informations sur les doses disponibles ou les problèmes rencontrés.
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