Vaccin contre le Covid-19 : avec cette idée de "passeport vert", "on met la charrue avant les bœufs", estime le professeur Gilles Pialoux
Des députés UDI proposent de créer un "passport" pour les personnes vaccinées qui leur permettrait de se rendre dans les restaurants ou dans les lieux culturels. Le Pr Pialoux et son confrère Jérôme Marty, estiment que c'est une mauvaise idée qui risque d'attiser les craintes des anti-vaccins.
"On met la charrue avant les bœufs", a estimé vendredi 18 décembre sur franceinfo le Dr Gilles Pialoux, le chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon de Paris, après la proposition de créer un "passeport vert" par les députés UDI mercredi à l'Assemblée nationale. Ce passeport vert serait remis aux personnes vaccinées contre le Covid-19 et deviendrait une sorte de laisser-passer pour pouvoir se rendre dans les restaurants ou dans les lieux culturels. Selon la députée UDI Valérie Six, cette mesure permettrait "d'inciter" les Français à se faire vacciner pour "retrouver" au plus vite "une vie normale".
"Là, on est dans une phase d'explication, d'augmenter la confiance, de diminuer la défiance, d'expliquer. Pour le moment, on a des 'vaccins candidats' dont on a la certitude qu'ils protègent à un très haut niveau de la maladie. Après, il faudra engranger les données qui montrent que ça protège collectivement", estime Dr Gilles Pialoux. Il rappelle que Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a indiqué "qu'on n'aurait des informations sur l'immunité collective pas avant le mois de mars."
Un risque de méfiance et de stigmatisation
Pour le Pr Pialoux, "il ne faut pas que [la vaccination] soit quelque chose qui soit imposé par l'État". Un avis partagé par le Dr Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médécine libre (UFML), qui craint que ce passeport vert favorise les mouvements anti-vaccins. "Ils se saisir de ça pour dire : regardez, indirectement, on veut nous obliger à nous vacciner, et ça cache quelque chose", a-t-il également expliqué sur franceinfo.
Enfin, il y a un "risque de stigmatisation", juge le chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, à Paris. Ce passeport d'immunité n'est pas préconisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
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