Une Néo-Zélandaise enceinte, empêchée de rentrer chez elle à cause du Covid-19, accueillie par les talibans en Afghanistan
Une journaliste néo-zélandaise qui travaillait pour Al-Jazeera en Afghanistan s'est vue dans l'impossibilité de rentrer chez elle pour poursuivre sa grossesse en raison du protocole sanitaire stricte en vigueur dans son pays d'origine.
"Quand j'étais dans le besoin, le gouvernement néo-zélandais m'a dit que je n'étais pas la bienvenue (...) Je me suis sentie trahie". Dans l'impossibilité de se rendre dans son pays pour accoucher, en raison de sa réglementation draconienne face au Covid-19, une journaliste néo-zélandaise enceinte a finalement été accueillie en Afghanistan par les talibans. Charlotte Bellis a raconté sa mésaventure, dimanche 30 janvier, lors d'un entretien à Radio New Zealand, depuis Kaboul, où elle a rejoint son compagnon, un photographe belge installé dans ce pays en proie à un régime autoritaire qui bafoue les droits des femmes et a plongé la population dans une profonde crise humanitaire.
Dans une lettre ouverte publiée par le New Zealand Herald, la journaliste, qui travaillait pour la chaîne Al-Jazeera en Afghanistan, a détaillé sa situation kafkaïenne. Après avoir demandé aux talibans, dans le cadre de son travail, ce qu'ils feraient pour garantir les droits des femmes et des filles, Charlotte Bellis a jugé "ironique" de poser la même question à son propre gouvernement.
C'est en rentrant à Doha, où se trouve le siège de son employeur, que Charlotte Bellis a réalisé qu'elle attendait un enfant. Comme il est interdit au Qatar d'être enceinte hors mariage, elle a gardé sa grossesse secrète tout en préparant son retour en Nouvelle-Zélande. Cependant, ce pays, qui a fermé ses frontières en mars 2020 en raison de la pandémie, ne laisse revenir ses propres ressortissants qu'au compte-gouttes.
"Quand les talibans offrent l'asile, vous savez que vous êtes dans une situation difficile"
Quand la journaliste a appris qu'elle ne pouvait bénéficier d'aucune dérogation pour rentrer, elle a appelé de hauts responsables talibans. Ces derniers lui ont alors proposé de venir accoucher dans leur pays, où est basé son conjoint. "Nous sommes heureux pour vous, vous pouvez venir et vous n'aurez pas de problème", lui ont assuré les talibans, a-t-elle raconté. "Quand j'étais dans le besoin, le gouvernement néo-zélandais m'a dit que je n'étais pas la bienvenue", a déploré la journaliste. "Quand les talibans offrent – à une femme enceinte et célibataire – l'asile, vous savez que vous êtes dans une situation difficile".
Après avoir fait état publiquement des problèmes qu'elle rencontrait et fait appel à des avocats, la Néo-zélandaise a été contactée par les autorités de son pays qui lui ont dit que sa demande serait réexaminée. Chris Hipkins, le ministre néo-zélandais en charge de la Lutte contre le Covid-19, a déclaré dans un communiqué qu'il avait demandé à des fonctionnaires de vérifier si toutes les procédures avaient été correctement suivies.
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