Un mois après avoir contracté le Covid-19, des malades toujours bien immunisés, selon une étude de l'Institut Pasteur et du CHU de Strasbourg
L'étude menée par l'Institut Pasteur sur des soignants de deux hôpitaux strasbourgeois qui ont eu le coronavirus montre qu'ils présentent des anticorps qui préviennent d'une réinfection.
Un mois après avoir contracté une forme légère du Covid-19, les malades sont toujours bien immunisés contre une nouvelle infection, selon une étude menée par l'Institut Pasteur en partenariat avec le CHU de Strasbourg, dont France Inter révèle les résultats, ce mardi 26 mai. Les tests ont été pratiqués sur 160 soignants de deux hôpitaux de Strasbourg (Bas-Rhin) atteints par le coronavirus. lls avaient développé des formes légères, sans aucune hospitalisation.
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Et un mois après la maladie, la présence des anticorps dans leur organisme est incontestable. "On a retrouvé des anticorps chez la quasi totalité d'entre eux : 159, sur 160", explique à France Inter le professeur Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur qui a conduit cette étude.
"Et, plus intéressant, on recherchait les anticorps neutralisants dont on sait qu'ils sont protecteurs contre, par exemple, une réinfection. Et là, à partir d'un mois, on en trouve chez 98% des personnes qui avaient été infectées par le SARS-CoV-2", indique le chercheur. On ne savait pas, jusqu'ici, quelle était la proportion d'individus qui développent des anticorps et si ces anticorps étaient protecteurs.
Une observation confirmée par le professeur Olivier Schwartz, directeur de l'unité virus et immunité de l’Institut Pasteur, invité de franceinfo, mardi 26 mai. "D'une part, le taux d'anticorps augmente au cours du temps et ces anticorps ont également une activité dite neutralisante dans des tests de culture cellulaire. Cela veut dire que ces anticorps sont capables d'inhiber, de bloquer la multiplication du virus. Là encore, on a observé une tendance à l'augmentation au cours du temps de cette activité neutralisante."
Une immunité de "de quelques semaines à quelques mois"
"Le fait d'avoir des anticorps protecteurs un mois après le début des signes, laisse entendre que, très vraisemblablement, ils sont protégés contre une réinfection s'ils étaient à nouveau exposés au coronavirus", précise le professeur Arnaud Fontanet.
Il n'y a aucun doute sur la capacité de protection de ces anticorps, qui a été testée en laboratoire. Mais combien de temps va durer cette protection pour les personnes qui ont développé une forme légère ? "De quelques semaines à quelques mois", estiment les chercheurs. "On sait déjà par exemple qu'avec l'infection de l'autre Sars Coronavirus, qui avait été isolé en Asie et qui avait fait une petite épidémie en 2003, à Hong Kong en particulier, les anticorps peuvent persister jusqu'à 2 ans", rappelle le professeur Olivier Schwartz.
C'est une bonne nouvelle même si elle ne s'applique qu'à peu de personnes en France, puisqu'on estime à 10% le taux de contamination dans les zones rouges les plus touchées (Grand Est et Île-de-France) et seulement 2% dans l'Ouest.
Des résultats différents pour les personnes fortement touchées ?
Les soignants strasbourgeois observés lors de cette étude n'ont souffert que de légers symptômes du Covid-19. Les résultats auraient-ils été les mêmes pour des malades restés plusieurs semaines en réanimation ? "Les personnes qui développent des infections plus graves et qui sont hospitalisées font l'objet d'une autre étude que nous avons réalisée. Mais de nombreuses autres études dans la littérature montrent que chez ces personnes, il y a plus d'anticorps qui apparaissent et de façon plus précoce", note le professeur Olivier Schwartz.
"Pour ceux qui ont développé des formes asymptomatiques, on est dans un cas de figure différent. On estime qu'il y a entre 20 et 40% des individus qui ont rencontré le virus, qui ne vont même pas s'apercevoir qu'ils ont été infectés et donc c'est très important maintenant de caractériser chez ces personnes dites asymptomatiques la quantité d'anticorps, et s'ils ont leur fonction neutralisante", conclut le chercheur.
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