Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a annoncé que les travailleurs saisonniers européens vont pouvoir entrer en France dans les prochains jours pour travailler dans les champs, en pleine récolte, mais c’est un "soulagement de court terme", aux yeux du président des Jeunes Agriculteurs Samuel Vandaele qui préfèrerait que davantage de Français travaillent dans le secteur. Par ailleurs, alors que les prix des fruits et légumes ont augmenté depuis le début de la crise sanitaire, le syndicaliste assure mercredi 20 mai sur franceinfo être en train de "chercher qui ment et qui profite de cette crise sur le dos des producteurs et vis-à-vis du consommateur".franceinfo : Les ressortissants européens pourront venir travailler dans les champs en France dans les prochains jours. Est-ce un soulagement pour vous ?Samuel Vandaele : Oui, c'est un soulagement de court terme. Aujourd'hui, beaucoup de citoyens français ont répondu à l'appel qu'on a lancé pour venir travailler sur nos exploitations. Mais malgré tout, avec le déconfinement, beaucoup de citoyens ont dû retourner au travail et donc un certain nombre d'exploitations sont mises en péril parce qu'on arrive dans la grande production saisonnière - je pense entre autres aux fraises, aux salades, aux tomates qui arrivent là en ce moment - et on cherche énormément de main-d'œuvre. Je disais que c'est du court terme parce que nous, notre objectif à terme, c'est bien d'être capable de relocaliser un nombre d'emplois et donc de former un certain nombre de concitoyens aux travaux des champs pour, peut-être à l'avenir, se passer de main d'œuvre étrangère. C'est un secteur qui embauche énormément. Il y a énormément d'emplois, que ce soit en agriculture proprement dite, soit en amont, soit en aval, énormément d'emplois. C'était 26 000 emplois au moment du Salon de l'agriculture dans l’agro-industrie-alimentaire, plus tous les emplois en agriculture, donc, ça emploie énormément. [Les secteurs qui manquent le plus de personnels sont] tout ce qui est petite production comme fruits, légumes, maraîchage, arboriculture, viticulture. Toutes ces productions-là attendent énormément de bras.Les consommateurs ont constaté que les prix de certains fruits et légumes avaient augmenté ces dernières semaines. Pourquoi ?C’est tout le travail qu'on est en train de mener. C'est un peu une enquête pour savoir qui est le menteur. Nous, on se rend compte qu'aujourd'hui, les prix payés aux producteurs n'ont pas augmenté. D'une manière générale, ils n'ont pas augmenté. Mais par contre, les prix au consommateur ont augmenté. Le cours mondial des productions [de blé a augmenté] donc, c'est vrai que le prix du blé a augmenté parce qu'il y avait une demande supérieure, surtout due à la consommation de farine pendant le confinement. Donc, le prix du blé a augmenté. Par contre, sur les fruits, les légumes, la viande bovine, le lait, le prix n'a pas augmenté aux producteurs. C'est tout le travail qu'on est en train de réaliser, de chercher qui ment et qui profite de cette crise sur le dos des producteurs et vis-à-vis du consommateur.Ces derniers jours, trois foyers de contamination ont été détectés dans des abattoirs. La Confédération paysanne estime que les abattoirs industriels sont incompatibles avec le respect des normes sanitaires. Qu’en pensez-vous ?Je pense que c'est un hasard. Il y a eu le cas dans trois abattoirs [sur une trentaine de foyers détectés]. Ça fait peut-être un gros hasard. En tout cas, moi, j'attends le retour de l’enquête pour savoir si les gestes barrières ont bien été respectés, si l'ensemble des protocoles sanitaires ont bien été appliqués. Je ne suis pas scientifique, je suis pas expert, donc moi, j'attends le retour de tout ça pour avoir des explications claires et nettes. Mais on se rend compte que dans bien d'autres domaines, dans bien d'autres secteurs d'activité, il y a eu aussi énormément d'entreprises qui ont été contaminées. Donc voilà, moi, j'attends l’avis des experts.