Traitement contre le Covid-19 : une équipe marseillaise "sur la bonne voie"
Le Bemnifosbuvir, un médicament prescrit jusqu'ici contre l'hépatite C, fait partie de la dizaine de remèdes potentiels contre le Sars-CoV 2. Le virologue qui conduit les recherches nous a ouvert les portes de son laboratoire marseillais.
Bruno Canard nous conduit dans la salle des congélateurs et incubateurs :"Ici il n'y a pas de virus, aussi incroyable que cela puisse paraître". Depuis un an et demi, le directeur de recherches au CNRS à l'université Aix Marseille, teste pourtant bien la réaction du Covid-19 au Bemnifosbuvir. Cette molécule a été élaborée au départ par l'entreprise de biotechnologies américaine Atea pour traiter l'hépatite C. Une dizaine de médicaments pouvant potentiellement soigner le Sars-CoV 2 sont actuellement à l'étude.
Les recherches de Bruno Canard sont menées sur des bactéries qui simulent les protéines du virus que la pilule doit attaquer : "La bactérie vient d'être mise dans la fiole. On voit la molécule qui vient s'insérer dans la cible et qui met 'le sable dans la machine' du virus, qui l'empêche de se répliquer."
Des formes graves empêchées
Le Bemnifosbuvir sera-t-il efficace contre d'autres variants ? "La cible sera toujours la même et l'efficacité sera la même. Les plus du médicament par rapport à ce qui existe, ce sont, d'une part qu'il est oralement disponible, et d'autre part qu'il ne crée pas de mutations et est dépourvu de toxicité", répond le chercheur.
Les premiers essais ont eu lieu aux États-Unis sur quelques patients touchés par des comorbidités. Les résultats sont prometteurs. Les formes graves sont comme empêchées. C'est une "très très grande fierté" pour Camille Falco, 26 ans, ingénieure d’études : "Ça fait plaisir de voir qu'on touche enfin au but. Il y a des tests complémentaires à faire, bien sûr."
"Nous, on fait de la recherche fondamentale, donc il y a encore beaucoup de chemin à faire mais on est sur la bonne voie".
Camille Falco, ingénieure d'étudesà franceinfo
Ces essais sur un panel plus large doivent avoir lieu au printemps. N’est-il pas trop tard alors que le gouvernement entrevoit la fin de la cinquième vague ? "Il y a quand même 250 000 personnes en France qui sont immunodéprimées et qui attendent désespérément un médicament pour pouvoir contrôler le virus", rappelle le professeur Canard.
Le Bemnifosbuvir pourrait aussi intervenir dans le traitement des Covid long et intervenir dans un traitement combiné en bithérapie ou trithérapie avec les autres médicaments existants.
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