Covid-19 : "Aujourd'hui, on en fabrique 5 millions par mois", dans les coulisses de la fabrication française des autotests


Pour beaucoup, ils sont devenus une routine : les autotests. Leur fiabilité contestée hier, ils sont aujourd'hui au cœur de la stratégie française de dépistage. Au point que la demande explose. Et pour les fabriquer, la PME bretonne NG Biotech, à Guipry-Messac, en Ille-et-Vilaine, a dû pousser les murs ces derniers mois.
Les pharmaciens en recommandent sans cesse. Même les supermarchés ont le droit de les vendre, pour l’instant jusqu’à la fin du mois. Les autotests sont devenus indispensables depuis quelques semaines et les fabricants sont submergés sous la demande. Chez NG Biotech, à Guipry-Messac, en Ille-et-Vilaine, l'accueil est chaleureux avec, avant toute chose, un écouvillon dans les deux narines ! En effet, pas question de faire entrer le virus dans les laboratoires de recherche et développement.
Le patron, Milovan Stankov-Pugès, n'a pas 40 ans. La PME bretonne qu'il dirige fabrique le coeur du produit : la bandelette réactive ! "Elle est composée de différents supports poreux et ensuite on va y appliquer différentes solutions chimiques." Puis viennent les étapes très techniques de séchage, découpage et collage : c’est ce qui permet aux gouttes déposées de migrer sur toute la bande.
L'anticorps a été couplé par une laborantine à un marqueur visuel, de l'or colloïdal. "Vous avez la couleur un peu bordeaux qui va permettre, lorsque l'échantillon est positif, d'afficher deux traits : un au niveau de la ligne test et un au niveau de la ligne contrôle, qui est aussi visible."
40 embauches dans la semaine
Un savoir-faire à l'origine de l'entreprise créée il y a seulement 10 ans et qui s’est offert, avec le Covid-19, un pas de géant.
"Avant la pandémie, on était 30 employés et on fabriquait environ 500 000 tests par an. Aujourd'hui, c'est 5 millions de tests par mois ! En deux ans, on a multiplié notre capacité de production par 100."
Milovan Stankov-Pugès, patron de NG Biotechà franceinfo
Aujourd'hui, l'entreprise emploie 220 personnes et continue à embaucher : 40 personnes de plus, rien que cette semaine.

"On ne peut déjà plus pousser les murs"
Des nouveaux venus que l’on retrouve sur l'autre site de NG Biotech, à quelques kilomètres de là. Un grand hangar installé cet été en urgence, où se fait le conditionnement final des autotests à un rythme bien plus lent que la fabrication de bandelettes. Les horaires, en deux 8, ne suffisent plus. D’ici quelques semaines, une équipe de nuit va inaugurer le trois 8, pour l’instant dans un chapiteau chauffé.
"Il faut être très réactif ! On ne peut déjà plus pousser les nouveaux murs, explique Aldric Laurent le directeur des opérations. On ne va pas pouvoir embaucher non plus 800 personnes, donc on commence à transformer NG Biotech et à investir dans de nouveaux moyens. Avec des machines, comme ces ensacheuses, qui ensachent un peu plus d’un test par seconde."
Mais pour la suite, il faudra le soutien de l’Etat. "Si on a des garanties, on pourrait avoir une capacité de production locale en France qui nous permettrait d'être moins dépendant des productions de l’étranger à l'avenir", décrit Milovan Stankov-Pugès.
Et si la crise s’arrêtait demain ? La PME bretonne a plus d’un tour dans son sac, et prépare la commercialisation d’un test de grossesse innovant : une simple goutte de sang prélevée au bout du doigt.
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