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TĂ©moignages "Se dĂ©placer, c'est s'exposer au virus" : des Français expliquent pourquoi ils ont dĂ©cidĂ© de ne pas fĂȘter NoĂ«l en famille

Face Ă  l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19 qui ne recule pas, des Français prĂ©fĂšrent renoncer aux traditionnelles grandes tablĂ©es familiales pour les fĂȘtes. 

Article rédigé par franceinfo - Marianne Chenou
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les décorations de Noël d'une maison à Lons-le-Saunier (Jura), le 30 novembre 2020. (MAXPPP)

"Pas plus de six Ă  table." La rĂšgle martelĂ©e par Jean Castex est venue s'ajouter Ă  la longue liste des recommandations sanitaires liĂ©es Ă  l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19. Pour Ă©viter la propagation du virus, il est ainsi conseillĂ© de ne pas organiser de repas de NoĂ«l avec plus de six adultes Ă  table, oĂč le port du masque est impossible. Il faudra composer avec les gestes barriĂšres, porter le masque au maximum, et veiller Ă  respecter une distance physique avec les autres convives. La question de maintenir ou non les fĂȘtes de NoĂ«l s'est donc posĂ©e dans de nombreuses familles. Parmi les internautes de franceinfo qui ont rĂ©pondu Ă  notre appel Ă  tĂ©moignages, certains ont finalement choisi de ne pas se rĂ©unir les 24 et 25 dĂ©cembre.

"C'est tout le monde ou personne"

Pour les familles qui profitent chaque annĂ©e des fĂȘtes pour se voir, impossible de respecter la rĂšgle des "six Ă  table" en invitant tout le monde. "Je n'allais pas choisir entre mes enfants ! C'est tout le monde ou personne." Alors Françoise a tranchĂ© : personne ne viendra Ă  NoĂ«l.

Dans la famille d'Anne, en Franche-ComtĂ©, NoĂ«l est habituellement l'occasion de rĂ©unir une quinzaine de personnes. Pas cette annĂ©e. Elles s'appelleront le soir du rĂ©veillon, mais il n'aura pas de grande tablĂ©e. Avec son frĂšre et sa sƓur, Anne a convenu qu'il Ă©tait plus prudent de renoncer. TrĂšs soucieuse des rĂšgles sanitaires, cette Doubienne de 53 ans limite dĂ©jĂ  ses contacts et va se confiner avec son mari, avant d'aller voir sa mĂšre Ă  la fin du mois. "Elle a Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e du cƓur Ă  l'automne, elle est trĂšs fatiguĂ©e, nous ne voulons pas lui faire courir de risques supplĂ©mentaires", explique Anne.

"MĂȘme lorsqu'on fait attention, on n'est sĂ»r de rien."

Anne, 53 ans

Ă  franceinfo

Les enfants d'Anne, ùgés d'une vingtaine d'années, ne se joindront pas à eux. Etudiants, ils ont continué à fréquenter des personnes en dehors du foyer familial et ne veulent pas prendre de risque.

Avec plus de 10 000 contaminations recensĂ©es chaque jour en France et une saison propice à la circulation du virus, Sabine, biologiste expatriĂ©e en Belgique, a prĂ©fĂ©rĂ© ne pas se dĂ©placer pour NoĂ«l. "Je ne souhaite pas mettre en danger ma famille, me mettre en danger et participer Ă  une troisiĂšme vague", dĂ©clare-t-elle. Cette trentenaire, "entourĂ©e de scientifiques", est amenĂ©e Ă  travailler sur le Covid-19 et elle juge "irresponsable" de se rĂ©unir et de se dĂ©placer partout en France pour les fĂȘtes.

"C'est la premiĂšre fois de ma vie"

"Je suis trĂšs surprise et inquiĂšte lorsque j'entends les intentions de ma famille de se dĂ©placer Ă  travers la France et de passer d'un foyer Ă  un autre d'un jour Ă  l'autre", ajoute-t-elle. Sabine a bien pensĂ© Ă  s'isoler avant les fĂȘtes, mais devoir prendre des transports en commun ne la rassure pas, malgrĂ© toutes les prĂ©cautions qu'elle peut prendre. Pour elle, il est Ă©vident que "se dĂ©placer, c'est s'exposer au virus."

Dans son village de Savoie, oĂč la deuxiĂšme vague a Ă©tĂ© particuliĂšrement virulente, Sylviane a tranchĂ© aussi. "Mon fils habite Ă  Strasbourg et ne viendra pas chez moi." 

"C'est la premiĂšre fois de ma vie, Ă  67 ans, que je ne fĂȘterai pas NoĂ«l en famille. Mais ça me paraĂźt nĂ©cessaire."

Sylviane

Ă  franceinfo

Une décision difficile à prendre pour cette retraitée. "Je n'en parle pas trop, sinon je vais me mettre à pleurer", soupire-t-elle. Sylviane tient pourtant à participer à l'effort collectif face au virus. "Il faut que chacun agisse à son niveau. PrÚs de chez moi, j'ai vu les personnels hospitaliers tomber comme des mouches", poursuit-elle.

D'autres (grands) enfants doivent parfois se montrer plus sages que leurs parents. Florian, 38 ans, a imposĂ© son choix Ă  sa famille qui vit en Bretagne. "Nous habitons en Haute-Savoie, et je travaille Ă  GenĂšve (Suisse), oĂč les cas sont extrĂȘmement nombreux. Chez mes parents, il y a moins de cas. Je pense qu'ils ont moins conscience de la gravitĂ© de l'Ă©pidĂ©mie que nous, qui avons vĂ©cu une deuxiĂšme vague trĂšs intense." Avec sa femme, ils ont renoncĂ© Ă  se dĂ©placer durant la pĂ©riode de NoĂ«l.

"On se verra quand on pourra"

Depuis la rĂ©gion de Perpignan, Viviane passera NoĂ«l en tĂȘte-Ă -tĂȘte avec son mari. A 65 et 66 ans, ce couple belge attendra la mi-janvier "si les mesures sanitaires le permettent" pour aller voir ses proches. "On se verra quand on pourra", arbitre aussi Florian. Pour cet homme dont les parents "prennent de l'Ăąge", les mesures sanitaires priment sur l'envie de revoir ses proches. 

L'arrivĂ©e du vaccin laisse planer l'espoir de retrouvailles au printemps dans plusieurs familles, mĂȘme si les gestes barriĂšres devront ĂȘtre maintenus. "Si la population commence Ă  ĂȘtre immunisĂ©e, je me rendrai plus facilement dans ma famille, explique Sabine, qui n'est pas remis les pieds en France depuis juillet.

D'ailleurs, renoncer Ă  NoĂ«l suscite parfois un certain soulagement. Sophie ne supportait plus "la pression sociale autour de la pĂ©riode des fĂȘtes. Il faut ĂȘtre content d'ĂȘtre en famille, faire semblant d'ĂȘtre heureux quand on reçoit un cadeau qui ne nous plaĂźt pas
" Le Covid-19 fournit une excuse rĂȘvĂ©e Ă  cette dĂ©veloppeuse informatique de 35 ans pour Ă©chapper au rĂ©veillon qui, l'an dernier, a fini en altercation avec son pĂšre, "raciste et complotiste".

Seul, Ă  deux, trois ou cinq, NoĂ«l se fĂȘtera en comitĂ© restreint pour ceux qui ont choisi d'Ă©viter les rĂ©unions de famille. Pas question de s'infliger une ambiance morose pour autant. "Pour la premiĂšre fois depuis quinze ans, on s'est achetĂ© des cadeaux", rit Viviane. Personne n'attend le pĂšre NoĂ«l chez Sophie, comme elle le souligne, alors elle passera le rĂ©veillon sera seule chez elle, "avec un bon repas et un bon film".

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