Rentrée scolaire à partir du 11 mai : "On va créer des bombes épidémiologiques dans les écoles", estime un syndicat d'enseignants
La Fédération nationale de l'enseignement, de la culture et de la formation professionnelle annonce qu'elle soutiendra les personnels voulant exercer leur droit de retrait.
Clément Poullet, secrétaire général de la FNEC FP-Force ouvrière (Fédération nationale de l'enseignement, de la culture et de la formation professionnelle), a annoncé jeudi 30 avril sur franceinfo que si des personnels de l’Éducation nationale "veulent exercer leur droit de retrait ou se mettre en grève, nous allons les soutenir". Alors que le gouvernement prévoit une rentrée scolaire progressive sous la base du volontariat à partir du 11 mai, plusieurs syndicats de l’enseignement scolaire s’inquiètent de la difficulté de mettre en place les mesures barrières contre le coronavirus dans les écoles. "On va créer des bombes épidémiologiques dans les écoles", estime Clément Poullet.
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franceinfo : Le port du masque obligatoire pour les enseignants et pour les enfants à partir de la sixième. C'est du bon sens, selon vous ?
Clément Poullet : Avant toute réouverture, nous avions quand même posé deux préalables : le dépistage systématique et régulier de tous les personnels et de tous les élèves qui est une mesure de bon sens quand on sait que la plupart des élèves sont asymptomatiques, et la question des protections individuelles, c'est d'ailleurs le sens d'un avis du CHSCT ministériel Éducation nationale. En ce qui concerne les masques, il s'agit de masques grand public, pas les masques FFP2, seuls masques reconnus comme protection individuelle par le Code du travail.
Qu'attendez-vous du gouvernement ?
Ma question c’est à quel moment vont-ils prendre leurs responsabilités ?
Clément Poullet de la FNEC FP-Force ouvrièreà franceinfo
Pour notre part, nous avons pris les nôtres tant que les conditions de protection ne seront pas réunies et pour l'instant, elles ne le sont pas. Si des personnels veulent exercer leur droit de retrait ou en grève, nous allons les soutenir. Si des salariés refusent de mettre leurs enfants à l'école, on les soutiendra. C'est d'ailleurs le sens de la procédure d'alerte qu'on a déposé au ministre de l'Éducation nationale. Et nous allons le rencontrer ce matin parce que nous avons beaucoup de questions à lui poser. Car au-delà des problèmes sanitaires sur lesquels il n'apporte aucune garantie, il y a tout l'aspect organisationnel sur les cantines, les couloirs, la récréation, les demi-groupes, l'accueil des enfants à besoins particuliers. Aujourd'hui, quand on regarde le protocole, aucun n'imagine pouvoir faire respecter les gestes barrières ni les distances de sécurité.
Ce que dit ce protocole c’est que dans une classe de 50 m2, il faudrait limiter la présence à 15 élèves pour pouvoir espacer les bureaux à plus d'un mètre les uns des autres. Il y aurait aussi des sens de circulation pour éviter que les enfants ne se croisent dans les couloirs. Selon vous, c’est impossible à mettre en place ?
Tous les collègues, notamment les directeurs d'école et les chefs d'établissement nous disent que c'est pour l'instant impossible. Et puis, par ailleurs, on est le seul secteur où il va y avoir un public important, des dizaines d'élèves regroupés qui n'auront pas de masque. Je vous rappelle qu'en maternelle et en école élémentaire, il n'y aura pas de masques. Alors on dit obligatoire dans le métro, dans un certain nombre de lieux, mais pas dans les écoles. Les élèves, les enseignants personnels et les familles sont extrêmement inquiets de cette situation-là. On sait très bien que les gestes barrières, les distances de sécurité sont très difficiles à faire observer, voire impossible à faire observer en maternelle et en primaire. On va créer des bombes épidémiologiques dans les écoles.
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