"Quelle attestation ?" : dans le Centre-Val de Loire, le confinement contre le coronavirus n'est pas encore entré dans les moeurs
Alors que la France s’est réveillée confinée mardi, dans le Centre-Val de Loire certains bravent les interdits, suscitant l’agacement des uns et l’indulgence des autres.
La France s’est réveillée confinée à cause du coronavirus : depuis mardi 18 mars à midi, tout le monde a ordre de rester à la maison. Seules quelques sorties sont autorisées, par exemple pour faire ses courses, à condition de justifier son déplacement au moyen d’une attestation en cas de contrôle. Aussi, depuis dix minutes, comme à peu près tous les Français ce midi-là, les 750 habitants de Saint-Péravy-la-Colombe, dans le Loiret, sont désormais contraints au confinement.
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Dans son atelier de mécanique automobile, Romain bricole ses voitures de collection. "Tout ce qui est véhicule militaire, ancien, surtout de la Seconde Guerre mondiale", précise-t-il. Lui a le droit de travailler, alors le confinement ne perturbe pas trop son quotidien.
À part ne plus sortir pour voir des amis sur Orléans ou des communes plus éloignées, ça ne change pas grand-chose. Et puis il faut faire avec !
Romainà franceinfo
Dehors, si les piétons ont déserté les rues, des voitures et des camions continuent de traverser la commune. Jean-Bernard Vallot le maire de Saint-Péravy est à cheval sur les consignes sanitaire, et nous n’entrons pas dans son bureau : "C’est tout petit !", sourit-il, en nous installant dans une salle un peu plus spacieuse, pour éviter la promiscuité. "C’est pour vous aussi !", souligne-t-il en riant.
L’édile s’est bien préparé au confinement : "Nous avons une application qui nous permet de pousser des informations directement vers les portables des administrés : confinements, restrictions etc. Et nous faisons passer le message : si vous avez besoin de quoi que ce soit, la mairie reste ouverte. Si le maire commence à être angoissé, je ne vois pas comment il va rassurer ses administrés !"
À Ouzouer-le-Marché à une vingtaine de kilomètres, Aurélie et son compagnon boulanger ont dû cuire 300 baguettes supplémentaires car ne plus avoir la liberté de sortir angoisse les habitants qui font des réserves. "Nous avons été dévalisés, indique Aurélie. C’est très angoissant cette situation là ! C’est morose, endormi, et jusqu’à quand ? On ne sait pas !" "Si le confinement est respecté, cela ne devrait pas perdurer", tempère cependant Aurélie. Sauf si on ne respecte pas les consignes, comme sur le parking du supermarché. Aucun des dix conducteurs que nous croisons n’a d’attestation.
Non je n’ai pas d’attestation ! Et je trouve que c’est abuser, de tout restreindre comme ça, de ne plus pouvoir aller nulle part.
Un conducteur d’Ouzouer-le-Marchéà franceinfo
À cinq kilomètres, dans la petite commune de Binas, Martine est la seule dehors. Elle promène Napoléon, son petit chien : "Quelle attestation ?, s’étonne-t-elle, quand on lui pose la question. C’est pour si on conduit ! Je l’ai d’ailleurs téléchargée… On a le droit de promener son chien, ils l’ont dit tout à l’heure !" "De toute façon, je ne bouge pas beaucoup, poursuit-elle. Je suis à la retraite, alors je fais de l’ordinateur, j’ai mes deux chiens et ma famille, aussi…" Elle peine à reconnaître sa commune : "Avant, il y avait les voitures, des camping-cars, des gens qui emmènent leurs enfants à l’école… Là, il n’y a plus rien !"
"Tout est fermé, rester à la maison, c’est pas cool"
Sur les routes, pas de contrôle de policier, ni de gendarmes. A proximité de Blois, un groupe de neuf jeunes hommes s’entraîne sur un terrain de football. Les regroupements sont pourtant interdits. "On va pas se priver de faire du sport non plus, déjà qu’il ne nous reste que cela", avance l’un d’eux. "On n’a pas peur, on a la jeunesse, poursuit-il. Tout est fermé, rester à la maison, c’est pas cool. Le jour où ça nous tombera dessus, on va moins rigoler, mais bon… C’est comme ça !" Leur inconscience énerve Yves, un joggeur. "Je leur ai dit que ce n’était pas bien, tempête-t-il. S’ils attrapent le virus et qu’ils le refilent à leurs parents et qu’ils le redonnent à quelqu’un d’autre, on ne va pas s’en sortir. Ils ne comprennent pas le risque…"
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