Quarantaine imposée par le Royaume-Uni à l'arrivée de France : "Si on ne nous aide pas, on ne s'en sortira pas tout seuls", explique Brittany Ferries
La quarantaine imposée par le Royaume-Uni aux passagers venus de France depuis samedi matin porte un "coup de massue" à l'activité de Brittany Ferries estime son directeur général Christophe Mathieu.
"Si on ne nous aide pas, on ne s'en sortira pas tout seuls", déplore dimanche 16 août au soir sur franceinfo Christophe Mathieu, directeur général de Brittany Ferries, première compagnie française en termes d'emploi pour les marins, compagnie de transports de passagers la plus importante vers la Grande-Bretagne, alors que le Royaume-Uni impose depuis samedi matin une quatorzaine pour tous les passagers venant de France, dans un contexte de crise sanitaire liée au Covid-19.
franceinfo : Comment avez-vous réagi à l'annonce du gouvernement britannique ?
Christophe Mathieu : C'est un coup de massue. On n'avait déjà pas eu d'activité passagers aux mois d'avril, mai, juin. Ce week-end, samedi et dimanche, nous devions transporter 5 400 passagers sur les départs entre l'Angleterre et la France. Finalement, on en transportera 2 300. Pour vous donner une idée, l'année dernière, pour le même week-end, nous en avions transporté 13 400. Autrement dit, on pensait faire une saison autour de 40%, avec l'annonce, la saison va se terminer avec au moins une division par deux des réservations.
Ça, c'est si la France, dans les jours qui viennent, n'annonce pas non plus une forme de réciprocité. Si en plus la France annonce que les Britanniques, quand ils arrivent en France, doivent se confiner ou se mettre en quatorzaine, là on peut craindre que tout le portefeuille de réservations disparaisse.
Redoutez-vous les mois à venir ?
On avait déjà un genou à terre à la suite de la première période de confinement, qui était déjà extrêmement critique. Là, avec l'annonce, sans avoir aucune visibilité sur la durée, puisqu'aujourd'hui bien malin qui pourrait dire combien de temps cette mesure va être mise en œuvre, on peut craindre que, au-delà de septembre-octobre, les réservations soient très très faibles cet hiver, au moins jusqu'au printemps 2021, à condition qu'un vaccin ou des solutions aient été trouvées.
Ça nous fait le deuxième genou à terre. On en est à dire que l'entreprise est fortement touchée, qu'elle ne s'en sortira pas toute seule.
Christophe Mathieu, directeur général de Britanny Ferriesà franceinfo
C'est d'autant plus frustrant qu'on n'est pas une entreprise en difficulté normalement. Globalement, avant le Covid, on était plutôt dans une dynamique positive, on sait exactement ce qu'on veut faire dans les années à venir, on a un plan de renouvellement de flotte acté. Là, avec ce qui se passe, si on ne nous aide pas, on ne s'en sortira pas tout seuls.
Quelle aide demandez-vous au gouvernement ?
Le gouvernement sait ce qu'on veut lui dire, parce que malheureusement, déjà après la première période, les difficultés étaient avérées. On sait qu'il y a des choses que le gouvernement peut faire en termes d'aides, notamment au niveau des charges que nous supportons sur les salaires de nos marins. Il sait ce qu'il peut faire, à lui de décider. Il faut qu'on retrouve la compétitivité. Il va falloir qu'on puisse rembourser la dette, puisqu'on a souscrit un premier Prêt garanti par l'État.
Avec ce qui vient de se passer, je ne suis pas certain que nous ayons suffisamment de ce PGE. Pour pouvoir repayer cette dette et continuer à projeter l'entreprise dans l'avenir, il va nous falloir autre chose que des prêts, il nous faudra des aides pour pouvoir rembourser les dettes, puisque le modèle économique de l'entreprise ne supportera pas cette dette.
Toutes les entreprises de transport maritime qui desservent le Royaume-Uni sont-elles touchées par les mêmes difficultés ?
Elles sont dans la même situation, mais le problème est peut-être un peu moins grave pour elles, dans le sens où elles ont une activité de fret plus importante que nous en relatif, alors que nous 85% de notre activité, c'est le transport de passagers. Nos confrères, DFDS, P&O, Eurotunnel, ont beaucoup plus de fret, ils sont à peu près à moitié-moitié passagers-fret. Comme le fret se maintient et s'est maintenu, je pense qu'ils sont relativement moins impactés que nous, ce qui n'empêche qu'ils sont fortement impactés, puisque les entreprises de transports internationaux sont peut-être, avec les entreprises du spectacle, les plus touchées. Ce sont les mouvements entre pays qui ont été fortement impactés.
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