Plan pour l'hôpital : "Arrêtons les annonces et faisons des choses assez concrètes", lance l'intersyndicale au gouvernement
Les négociations débuteront dans une semaine entre le gouvernement et les acteurs de l’hôpital pour lancer le plan Hôpital, promis par Emmanuel Macron au plus fort de l’épidémie de coronavirus. Mais pour le moment, l'intersyndicale reste dans l'attente.
"Nous n'avons pas été contacté, aucun d'entre nous" : partenaires sociaux et collectifs hospitaliers restent perplexes, alors qu'Olivier Véran donnera le coup d'envoi, le 25 mai, d'un "Ségur de la Santé" qui les réunira. Le ministre de la Santé promet de présenter cet été un nouveau plan pour l'hôpital, en réponse à la crise du coronavirus et à la colère des soignants.
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Evidemment, les syndicats se réjouissent, mais pas sur la façon dont il a été annoncé. "Ce que nous avons appris, c'est par la presse. Il n'y a pas d'autre source d'information. On a un gouvernement qui, pour l'instant, hormis se pavaner devant la presse, ne communique pas", réagissent les différents membres de cette intersyndicale.
Dans un entretien au Journal du dimanche (article abonnés), dimanche 17 mai, Olivier Véran parle d’assouplir les 35 heures à l’hôpital, d’augmenter certains salaires, ceux des infirmiers notamment, et de revaloriser les carrières. Ces pré-annonces du ministre sont pour le moment trop floues, pour Jacques Trévidic, du mouvement Action Praticiens Hôpital : "Est-ce que ces revalorisations salariales vont toucher toutes les catégories sociales à l'hôpital ? Est-ce que ça va cibler le corps infirmier ? On n'en sait rien."
Des mesures d'urgence
Les syndicats et collectifs sont en tout cas sur la défensive, explique Hugo Huon, du Collectif inter-Urgences. Le collectif réclame depuis plus d’un an des hausses de salaires à l’hôpital, des ouvertures de lits et des embauches. "On est assez vigilant là-dessus, avec le risque habituel d'avoir toujours les mêmes traîne-savates dans les couloirs des ministères, à imposer leur plan alors même qu'ils n'ont jamais dénoncer les conditions d'accueil et de travail sur le territoire, affirme-t-il, et puis des technocrates un peu de l'ombre qui vont nous remettre des mesures qui sont dans les cartons depuis longtemps."
Le ministre de la Santé promet un plan cet été, voté ensuite à l'automne prochain par le Parlement dans le cadre du budget de la Sécurité sociale. Il faudra en tout cas faire vite, plaide le Dr Olivier Milleron, du collectif Inter-Hôpitaux. "On a besoin de mesures d'urgence", rétorque le cardiologue. "Il ne faut pas qu'on parte dans un grand débat qui dure des mois et des mois. On sait que l'hôpital va mal, donc arrêtons les annonces et faisons des choses assez concrètes", lâche le médecin.
Il faut qu'il y ait un geste rapide sur les salaires, il va falloir payer les heures supplémentaires tout de suite, et puis il va falloir des embauches rapides.
Dr Olivier Milleronà franceinfo
"Je pense qu'il y a des mesures d'urgence pour rétablir la confiance et pour faire que nos hôpitaux puissent tourner et éventuelement gérer une nouvelle vague Covid, ça c'est urgent, et puis après il y a toutes ces discussions sur la gouvernance qui est très importante et qui va prendre du temps, et qui peut rentrer dans un débat un peu plus long", assure-t-il.
En attendant l’issue des négociations avec le gouvernement, l’intersyndicale et les collectifs prévoient des initiatives de défense de l’hôpital tous les mardis, avant une grande journée de mobilisation le 16 juin prochain.
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