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Philippines, Inde, Côte d'Ivoire... Ces pays qui n'hésitent pas à utiliser la force pour faire respecter le confinement contre le coronavirus

Les mesures de confinement contre la pandémie de coronavirus concernent désormais près de la moitié de la population terrestre. Avec, parfois, des représailles brutales et immédiates pour les contrevenants.

Article rédigé par Valérie Crova - édité par Théo Hetsch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des officiers de police armés arrêtent un motard à un checkpoint à Manille, le 15 mars 2020. (MAXPPP)

De Manille à Ouagadougou, en passant par Nairobi ou New Dehli, certains pays utilisent la manière forte pour faire respecter les règles de confinement. Des méthodes contestables et contestées…

Philippines : le président ordonne de "tuer" ceux qui ne respecte pas le confinement

C’était mercredi 1er avril à la télévision philippine : Rodrigo Duterte prononce une allocution  dans laquelle le président philippin, qui a placé la capitale Manille et ses 12 millions d'habitants en confinement depuis une quinzaine de jours, donne comme consigne aux forces de l'ordre de "tuer" ceux qui ne respecteraient pas les mesures de confinement et les forces de l'ordre. "Cela empire. Alors, une nouvelle fois, je vous fais part de la gravité du problème et vous devez écouter. Mes ordres à la police et à l'armée […], s'il y a des troubles et qu'il y a une possibilité qu'ils ripostent, avec un risque pour vos vies : tuez-les par balle. Est-ce bien compris ?".

Malheureusement pour les Philippins, ce n'est pas un poisson d'avril de la part de leur président. Ces déclarations ont aussitôt été critiquées par les organisations de défense des Droits de l’Homme qui ont demandé au gouvernement de fournir des produits de première nécessité plutôt que de proférer des menaces.  Les Philippines ont recensé à ce jour 96 décès et plus de 2 300 cas de coronavirus.

Kenya : des tirs et des coups de bâton contre les contrevenants

Au Kenya, le président Kenyatta a adressé quant à lui des excuses pour les brutalités commises par la police lors de la mise en œuvre du couvre-feu. Depuis son instauration vendredi dernier, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et frappé à coups de bâton des dizaines d’habitants à Mombasa et Kisumu, ville située dans l’ouest du pays où des affrontements ont éclaté alors que des commerçants refusaient de fermer leurs magasins.

A Nairobi, une enquête a été ouverte après la mort d’un enfant de 13 ans. Il a été tué par balle dans un bidonville après que des policiers ont ouvert le feu pour faire respecter le couvre-feu. Le Kenya a recensé une soixantaine de cas jusqu’à aujourd’hui.

Inde : des punitions dégradantes

En Inde, où trois semaines de confinement ont été décrétées pour limiter la propagation du coronavirus, des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent de scènes dégradantes comme ces hommes contraints de marcher à quatre pattes en guise de punition pour avoir contrevenu aux mesures de confinement ou des policiers qui aspergent un groupe de migrants assis par terre dans la rue pour les désinfecter. Autant de vidéos embarrassantes pour les autorités. Cette semaine, les violences policières semblent moins importantes en Inde.

Burkina Faso : le fouet

Au Burkina Faso, l’un des pays du continent africain les plus touchés par le coronavirus,on joue aussi l'extrême fermeté.. À Ouagadougou, la capitale, plusieurs centaines de policiers ont été déployés pour faire respecter le couvre-feu de 19h à 5 heures du matin. Des policiers qui ont la "chicotte" facile, le fouet local, comme on le voit dans cette vidéo où des hommes sont battus.

Sénégal, Côte d'Ivoire : des passages à tabac

A Dakar au Sénégal ou à Abidjan en Côte d’Ivoire, des témoins ont également pu filmer des violences similaires sur des vidéos où l’on voit des groupes de policiers matraquer des automobilistes qui ne respectent pas le couvre-feu.

Ces bavures sont dénoncées par les associations de défense des Droits de l’Homme. "L’état d’urgence en Côte d’Ivoire est une situation d’exception encadrée par une légalité d’exception et celle-ci ne doit se confondre avec l’état de siège ou la situation de conflit armé. La torture et les traitements inhumains sont formellement interdits et prohibés", a souligné l’Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH).

Condamnation également au Sénégal : "On peut appliquer les textes dans le respect des droits humains. Pas de tortures, de traitements inhumains et dégradants. Pas d’usage excessif de la force", a rappelé le défenseur des droits humains Alioune Tine, ainsi que l'ONG Amnesty International

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