"Un lieu d'accueil inconditionnel" : le pass sanitaire exigé à l'entrée des bibliothèques fait débat
Depuis lundi 9 août, le pass sanitaire est exigé à l'entrée des bibliothèques. Une première dans ces lieux d'accès à la culture, universels et gratuits.
Depuis lundi 9 août, il faut montrer son pass sanitaire pour entrer dans les différentes bibliothèques, à l'exception de celles spécialisées et universitaires. À Paris, la BPI et la BNF sont également exemptées de pass sanitaire.
Mais cette décision est loin de faire l'unanimité. À Paris, plusieurs bibliothèques sont en grève depuis le 22 juillet pour protester contre l'application stricte du pass sanitaire.
Des contrôles stricts
Devant la façade de la bibliothèque Vaclav Havel dans le 18e arrondissement de la capitale, des affiches et des barrières sont présentes à l'entrée. Si les contrôles sont bien tolérés par les visiteurs, cette décision est acceptée à contrecœur. "Si je n'étais pas vaccinée, je n'aurais pas le droit d'emprunter des BD, cela m'ennuie d'avoir à montrer le pass pour avoir le droit de le faire", confie une habituée à france info.
Il faut aussi essuyer quelques regards agacés, voire des insultes déplacées comme l'explique Frédéric, bibliothécaire : "ce n'est pas facile à gérer, c'est aussi ce qui est tagué au sol, "pass sanitaire" avec des symboles SS, [on reçoit] des réflexions collabo."
Dans ce quartier de l'est parisien, la bibliothèque Vaclav Havel est aussi un havre de paix pour certains publics précaires, certains migrants qui y trouvent internet, une prise électrique ou simplement de quoi s'assoir. "Les bibliothèques sont un lieu d'accueil inconditionnel et universel pour tout le monde, clame Pascal Ferry, responsable de la bibliothèque. Le pass sanitaire suppose une restriction d'entrée. Dans beaucoup de cas pour ces publics les plus précaires, ce document ils ne l'ont pas... On essaye de les réorienter vers des lieux où l'on peut faire des tests antigéniques ou vers un centre de vaccination à proximité."
Un accélérateur d'inégalités
Mais la question se pose aussi en zone rurale estime Alice Bernard, présidente de l'Association des bibliothécaires de France : "Madame Michu qui a besoin de prendre rendez-vous pour se faire vacciner, elle passe par la bibliothèque pour avoir accès à internet, et finalement, on se retrouve à être obligé de la recaler à l'entrée."
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