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"Emmerder les non-vaccinés" : comment la petite phrase d'Emmanuel Macron a fait bouillir à nouveau l'Assemblée nationale

Les propos du président de la République dans "Le Parisien" ont entraîné de vifs échanges dans l'hémicycle, au point d'entraîner une nouvelle suspension de séance, pendant le débat sur le pass vaccinal. 

Article rédigé par franceinfo
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Les députés lors de l'examen du projet de loi sur le pass vaccinal, le 4 janvier 2021 à l'Assemblée nationale. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

"Un président ne devrait pas dire ça." Pascal Brindeau (UDI) a repris les mots de François Hollande pour décrire sa colère, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 janvier. Un peu plus tôt dans la soirée, une alerte du Parisien a fait vibrer les téléphones portables pendant la suspension de la séance consacrée à l'examen du projet de pass vaccinal. Dans un entretien aux lecteurs du quotidien, Emmanuel Macron décrit sa "stratégie" vaccinale. "Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C’est ça, la stratégie", revendique-t-il.

Cette sortie fait exploser la séance. Depuis 18 heures, les débats ont débuté dans une ambiance apaisée, avec l'adoption à la quasi-unanimité (386 voix contre 2) d'une exonération de pass pour les 12-16 ans dans le cadre des activités périscolaires. Las. La déclaration du chef de l'Etat remet le feu aux poudres dans un hémicycle chauffé à blanc par les premiers débats sur le pass vaccinal, la veille.

Tollé sur les bancs de l'opposition

A la reprise, c'est le tonnerre. Les représentants de l'opposition se succèdent à la tribune pour fustiger la sortie du chef de l'Etat. Que le Premier ministre, Jean Castex, vienne expliquer aux députés "le véritable ordre du jour et les intentions du gouvernement", réclame le candidat PCF, Fabien Roussel. "Je ne peux pas cautionner un texte qui a pour objectif d'emmerder les Français", s'exclame Christian Jacob, président des Républicains, pourtant favorable au pass vaccinal. "Un président de la République n'a pas à emmerder les Français. Il peut éventuellement les convaincre, les contraindre, mais pas les emmerder", reprend le socialiste David Dhabib.

Plusieurs rappels au règlement sont formulés, tout comme des demandes de suspension. "Les paroles du président de la République déshonorent sa fonction et notre Assemblée", poursuit le député Nicolas Dupont-Aignan. "Comment peut-on siéger dignement alors que le président de la République méprise les Français, les divise, utilise la stratégie du bouc émissaire ?" Il est interrompu par le président de séance Marc Le Fur, qui inflige un rappel à l'ordre à un député aperçu en train de filmer les débats. "C'est inadmissible, vous concourrez à la pagaille dans cette maison !"

Olivier Véran, interpellé par la députée socialiste Valérie Rabault, tente alors de minimiser les propos du président. "Si vous lisez en détail l'intervention du président de la République dans son interview au Parisien qui sort demain, vous verrez que l'intention est avant tout une intention de protection de la population", déclare le ministre de la Santé, sous les huées. Dans ce brouhaha assourdissant, le président LR de séance, Marc Le Fur, suspend les travaux pour dix minutes. Mais l'interruption se prolonge pendant une heure et demie car les représentants de groupes réclament la venue du Premier ministre.

"Où est Castex ?"

"Où est Castex ? Où est Castex ?" Certains élus des Républicains affichent leur impatience, souligne Le Monde. Selon le quotidien, le ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, multiplie les allées et venues avec les salons voisins cherchant un moyen de débloquer les débats. "On a proposé une porte de sortie : vous faites venir le Premier ministre, ça fait redescendre la tension, puis on débat pendant deux-trois heures", détaille Damien Abad au Parisien. En vain.

A la reprise, l'atmosphère est électrique. Du fond du projet de loi il n'est plus question. Tant pis s'il reste encore 400 amendements à éplucher. Le président du groupe Les Républicains, Damien Abad, réclame à nouveau la présence de Jean Castex. Mathilde Panot, son homologue chez La France insoumise, dénonce un texte qui "invente la déchéance de citoyenneté". Une référence aussi à d'autres mots d'Emmanuel Macron dans Le Parisien, au sujet des "antivax" : "Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n'est plus un citoyen."

Une altercation éclate dans l'hémicycle, selon Europe 1, quand le député LREM François Cormier-Bouligeon s'élance vers l'élu LFI Alexis Corbière. Des huissiers doivent séparer les deux hommes avant que la situation ne s'envenime encore davantage.

"Chacun conviendra que les conditions d'un travail serein ne sont pas réunies", tranche le président de séance avant d'annoncer la fin des débats, vers 2 heures du matin. C'est la deuxième suspension en deux soirées. Les travaux devraient reprendre à 15 heures, mercredi, mais il n'est pas certain que la nuit ait permis de faire retomber toutes les tensions. La date d'entrée en vigueur du pass vaccinal, prévue au 15 janvier, semble de plus en plus difficile à tenir.

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