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"On ne transporte presque plus que des défunts" : le combat désespéré de l’Inde contre le Covid-19

Les décès ont augmenté de 15% en une seule journée. À New Delhi, les crématoriums ont du mal à trouver de la place pour incinérer autant de morts.  

Article rédigé par Sébastien Farcis - édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le crématorium de Sarai Kale Khan, au sud de New Delhi (Inde), le 28 avril 2021. (SEBASTIEN FARCIS / RADIOFRANCE)

Une quinzaine d’ambulances attendent depuis des heures sur le parking du crématorium de Sarai Sale Khan, au sud de New Delhi, en Inde. Dedans, les corps sont emballés dans du plastique hermétique blanc. Vikas Kumar Gupta, l’un des chauffeurs, arbore de très grandes cernes. "Maintenant nous ne transportons presque plus de personnes malades dans nos ambulances. On nous appelle presque uniquement pour amener les défunts ici, raconte-t-il décontenancé. Et nous travaillons sans arrêt pendant 24 heures d’affilée. J’ai à peine le temps de voir ma famille", ajoute l’ambulancier.

>> DECRYPTAGE. Inde : les crémations de masse à ciel ouvert, symbole de l'urgence sanitaire

Mukesh Kashyap vient d’arriver dans une de ces camionnettes. Il a l’air effondré et a les yeux rougis au-dessus de sa combinaison bleue. Il est venu incinérer sa femme de 38 ans, décédée il y a quelques heures du Covid-19. "On n’a pas trouvé d’oxygène, raconte-t-il. Je suis allé dans les plus grands hôpitaux privés, Holy family, Fortis, Apollo… "   

"Finalement un petit hôpital m’a fait payer 55 euros pour une heure d’oxygène."

Mukesh Kashyap, un jeune veuf de New Delhi

à franceinfo

"Quand ma femme en prenait, elle allait bien, mais après, c’est revenu. On essayait de trouver un lit pour elle, mais elle s’est effondrée dans le triporteur. Les docteurs n’ont pas pu la sauver", confie-t-il désemparé. 

Cinq fois plus de crémations quotidiennes en quinze jours

Le crématorium croule sous les demandes. En deux semaines, le nombre de défunts incinérés quotidiennement a été multiplié par cinq. Du coup, 50 nouveaux bûchers viennent d’être construits sur le jardin extérieur.

Le crématorium de Sarai Kale Khan, au sud de New Delhi, a dû installer 50 nouveaux bûchers sur la pelouse à l’extérieur de son enceinte pour faire face à l’afflux de défunts du Covid-19, le 28 avril 2021. (SEBASTIEN FARCIS / RADIOFRANCE)

Sunil Kumar est le responsable municipal.  "90% de ces défunts sont morts du Covid. C’est très compliqué de faire face à cette augmentation, car nous avons du mal à trouver assez de bois. Et le reste du matériel manque aussi à cause du confinement. Malgré tout cela, cet endroit arrive à tourner grâce à l’acharnement de nos travailleurs". En 15 jours, plus de 3 700 personnes sont mortes du Covid-19 dans la capitale.

"On ne transporte presque plus que des défunts" : le combat désespéré de l’Inde contre le Covid-19

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