"On n'en peut plus, on ne peut pas revenir au monde d'avant" : le collectif inter-hôpitaux attend des avancées aux concertations sur la santé
Pour la porte-parole du collectif inter-hôpitaux de Rennes, "la solution, c'est d'avoir un salaire horaire décent et d'être plus nombreux de manière à pouvoir appliquer les 35 heures".
Le gouvernement lance lundi 25 mai une vaste négociation sur l'hôpital, nommée "Ségur de la santé" (du nom de l'avenue où se situe l'une des entrées du ministère de la Santé). 300 participants sont attendus par visioconférence. La question des 35 heures à l'hôpital, pourrait être mise sur la table. "La solution, c'est d'avoir un salaire horaire décent et d'être plus nombreux de manière à pouvoir appliquer les 35 heures et du coup, d'avoir des conditions de travail qui sont décentes", a estimé, sur franceinfo, Cécile Vigneau, cheffe du service néphrologie du CHU de Rennes et porte-parole du collectif inter-hôpitaux de Rennes.
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franceinfo : Est-ce que cette fois, vous y croyez ?
Pr Cécile Vigneau : On veut y croire, sinon on n'irait pas négocier. On est à la fois dans l'attente, dans l'espoir, parce qu'on demande depuis des mois un travail en concertation et pas un plan complètement déconnecté du terrain qui tombe du ciel.
On a un peu de méfiance parce que ça fait le sixième plan massif pour l'hôpital qui est annoncé depuis des mois et qu'on ne connaît pas encore la méthodologie de ce Ségur.
Cécile Vigneau, cheffe du service néphrologie du CHU de Rennes et porte-parole du collectif inter-hôpitaux de Rennesà franceinfo
Il y a des choses urgentes, mais il y a des choses qui, probablement, nécessitent un temps de réflexion, de législation, etc. Je suis un peu inquiète quand j'entends juste deux mois. Si on veut réformer la loi HPST, par exemple, il faut sûrement un petit peu plus de temps. Mais on va voir. On est contents de faire partie de ce groupe de travail et on espère que ça va faire avancer, parce qu'on n'en peut plus et on ne peut pas retourner en arrière et revenir au monde d'avant.
La première urgence, pour vous, c'est la question des salaires ?
La première urgence, on le dit depuis très longtemps parce que c'est honteux, c'est la question des petits salaires de l'hôpital. On parle beaucoup des infirmières, mais il y a tous les autres métiers de l'hôpital très mal payés. C'est assez simple de se dire on remet tout le monde déjà au niveau de l'OCDE, soit entre 300 et 500 euros pour les infirmières. On a besoin de tout le monde pour faire marcher l'hôpital et tous les petits salaires sont très mal payés.
Le patron de l'AP-HP, Martin Hirsch, dit qu'il faut "libérer l'hôpital de ses carcans" et cite notamment les 35 heures. Êtes-vous favorable à ce qu'on remette la question du temps de travail sur le tapis des négociations ?
Les 35 heures, c'est un droit et il faudrait déjà le faire appliquer. À l'hôpital, il n'y a pas grand monde qui fait réellement 35 heures.
Pr Cécile Vigneau
Les infirmières, les aides-soignantes, les secrétaires accumulent les heures supplémentaires. Les médecins ne sont pas aux 35 heures et les internes font entre 50 et 60 heures par semaine, donc c'est un faux débat. Il faut qu'il y ait un salaire horaire décent pour tous les métiers de l'hôpital et il n'y a pas de raison de toucher à ces 35 heures, même si les 35 heures ont sûrement fait beaucoup de mal puisqu'on n'a pas embauché assez de monde pour pouvoir les appliquer. C'est drôle d'entendre Monsieur Hirsch dire ça, puisque je crois qu'il était dans le cabinet de Mme Aubry quand elle a mis en place la loi en 2002, et puis il applique bien le carcan de l'hôpital depuis qu'il est président directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. On se retrouve donc avec un régime de 35 heures, avec des gens qui travaillent beaucoup plus et qui sont très mal payés. La solution, c'est d'avoir un salaire horaire décent et d'être plus nombreux de manière à pouvoir appliquer les 35 heures et du coup, d'avoir des conditions de travail qui sont décentes. Parce que si on a plus de monde dans les services, on va remettre de l'humanité pour les patients, ce qui est notre priorité.
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