"On a un sentiment d’abandon extrême" : le personnel hospitalier dans l'attente les conclusions du Ségur de la santé
À l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, des aides-soignantes espèrent que la concertation qui doit prendre fin cette semaine va permettre de revaloriser les salaires et améliorer la reconnaissance du métier.
Il veut aller vite : à peine arrivé, le nouveau Premier ministre Jean Castex a annoncé la fin du Ségur de la Santé pour cette semaine du 6 juillet. Cette négociation sur l'hôpital public, amorcée par le gouvernement le 25 mai dernier, est destinée à améliorer les conditions de travail, les rémunérations et la prise en charge des malades. Il est temps que cela prenne fin et que quelque chose en sorte, explique Fatima, aide-soignante à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris depuis six ans : "Cela a pris beaucoup de temps. Il a fallu le Covid pour que les choses bougent. Je trouve ça vraiment malheureux."
D'autant que Fatima, comme beaucoup de ses collègues, se mobilise depuis un moment déjà pour l'hôpital public. "On a eu une mobilisation pendant plus d’un an qui n’a pratiquement rien donné, déplore-t-elle. On est obligé d’en arriver à la catastrophe pour qu’on puisse faire bouger les choses." Et la crise sanitaire du coronavirus n'a vraiment rien arrangé selon Laetitia, aide-soignante depuis 13 ans. "Cela a été très difficile et en même temps très enrichissant, explique-t-elle. Les aides-soignantes, infirmières, médecins et tout le personnel soignant ont été mobilisés, mais il ne faudrait pas qu’il y ait une deuxième vague parce que l’on est quand même assez épuisés, faut dire les choses."
Des salaires "vraiment misérables"
Le ministre de la Santé Olivier Véran a évoqué une enveloppe d'environ six milliards d'euros pour améliorer la rémunération des soignants. Revaloriser les salaires, ce serait un minimum selon Fatima. "Quand on commence en tant qu’aide-soignante avec un salaire d’environ 1 500 euros, je trouve ça honteux, dénonce l’aide-soignante. On est fonctionnaire, on donne de notre temps, on vient travailler sur des jours où on est censé être en repos. On est appelé constamment, on travaille un week-end sur deux, si ce n’est pas plus quand il manque des gens, pour ce salaire qui est vraiment misérable, c’est à en pleurer." Fatima décrit "des collègues qui sont dans des états physiques déplorables avec des dos complètement écrasés en fin de carrière."
Mes collègues aides-soignantes sont toutes cassées et pour gagner combien en fin de carrière ? 2 000 euros... c’est terrible.
Fatima, aide-soignante à l'hôpital Georges Pompidou de Parisà franceinfo
Un salaire de 1 800 euros net en début de carrière contre 1 500 actuellement, ce serait déjà bien. Mais il n'y a pas que ça, "il y aussi la reconnaissance du métier d’aide-soignant", indique Laetitia. Mais sur ce sujet, elles ne pensent pas que le Ségur de la santé va changer quelque chose. "On a un sentiment d’abandon extrême, explique Fatima. Le gouvernement ne travaille pas avec nous donc ne voit pas ce qu’on fait. Avec tous les préjugés que l’on a sur les aides-soignants, je ne sais pas si un jour notre image va évoluer. On est presque inexistants, c’est beaucoup sur les infirmiers et infirmières mais nous on est là !"
Après les applaudissements des Français aux fenêtres pendant tout le confinement, le personnel hospitalier espère aujourd'hui du concret.
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