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Respect du confinement, trafics... "On a l'impression que notre travail ne sert pas à grand chose", déplorent ces policiers dans certains quartiers

Comment les policiers font-ils respecter le confinement dans les quartiers dits sensibles ? Alors que des violences urbaines ont éclaté la semaine dernière en France, notamment en banlieue parisienne, franceinfo a recueilli le témoignage de policiers sur le terrain.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des policiers procèdent à un contrôle d'attestations de sortie pendant le confinement à Villeurbanne, près de Lyon, le 10 avril 2020. Photo d'illustration. (JOEL PHILIPPON / MAXPPP)

Julien fait partie des effectifs d’une brigade anti-criminalité des Yvelines. Un département où les tensions sont récurrentes depuis le début du confinement. En première ligne pour faire respecter les mesures de distanciation sociale visant à freiner la propagation du coronavirus dans le pays, ce policier de terrain dans les quartiers dit sensibles explique que les jeunes ont de plus en plus de mal à rester confinés chez eux.  

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"Quand on est une patrouille de trois dans le véhicule et que des fois ils descendent à 50, c'est pas gérable. Vous allez peut-être pouvoir discuter avec eux en leur expliquant gentiment, sans procéder à un contrôle, qu'il va falloir quitter les lieux, qu'il y a un confinement et qu'il faut respecter les règles, mais ils n'en ont rien à faire, ça ne les dérange absolument pas (...) On a l'impression que notre travail ne sert pas à grand chose", déplore l'agent des forces de l'ordre..

C'est épuisant parce qu'on a l'impression de ne servir à rien, le message ne passe pas. Quand vous les verbalisez, ils vous disent que de toutes façons, ils ne paieront pas l'amende.

Julien, policier d’une brigade anti-criminalité des Yvelines

à franceinfo

Damien fait le même constat. Ce policier de la Brigade anti-criminalité (BAC) sillonne lui aussi les secteurs les plus sensibles de la banlieue parisienne. "C'est un peu la cocotte-minute. Le fait qu'on les empêche d'aller dehors, ça crée des tensions, explique le policier. Et le fait de ne plus avoir autant de produits stupéfiants qu'avant crée aussi des tensions, parce qu'il y a des points de vente qui sont fermés, ça fait moins d'argent et dès qu'on touche à l'argent ça crée des tensions, partout."

Moins de trafic de drogue, mais des cambriolages

Résultat, certains petits délinquants s’adaptent à la pénurie de produits stupéfiants. C’est le cas notamment dans la région marseillaise, comme l'explique Matthieu Valet, commissaire à La Ciotat : "Sur le côté économique c'est indéniable. Ici, sur une commune de 36 000 habitants, certains pour qui, habituellement, les moyens de subsistance sont assurés par du trafic illicite qui est raréfié par le Covid-19, se déportent sur des vols dans les commerces, dans les habitations. On a eu par exemple un restaurant et une pharmacie qui ont été cambriolés pour des préjudices d'une centaine d'euros, pour se faire un gagne-pain facile." D’après nos informations, ces cambriolages d’opportunité dans les commerces situés en agglomération ont grimpé de près de 20% depuis le début du confinement.

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