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"On a envie d’avancer mais le corps ne suit pas…": le difficile retour à la vie des malades touchés par une forme sévère du coronavirus

Après une longue intubation et plusieurs semaines d'hospitalisation, ceux qui ont gardé des séquelles du Covid-19 tentent de récupérer du poids, de la mobilité, et de réapprendre les gestes simples du quotidien. À Lyon, l’hôpital Henry Gabrielle s’est réorganisé pour accueillir ces rescapés du coronavirus.

Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Réadaptation post-covid à l'hôpital Henry Gabrielle, à Saint-Genis-Laval.  (JOEL PHILIPPON / MAXPPP)

À 73 ans, Luc réapprend à marcher dans le parc de l’hôpital Henry Gabrielle, à Saint-Genis-Laval, près de Lyon, dans le département du Rhône, qui s’est réorganisé pour accueillir les rescapés du coronavirus Covid-19. Il est resté un mois dans le coma. "J’ai fait du vélo tous les jours, avec une stimulation électrique, détaille-t-il. Puis, petit à petit, j’ai réussi à faire 500m. C’était très très dur les premiers jours, j’étais complètement essoufflé. Et maintenant, je fais le tour du parc. Combien fait-il d’ailleurs ce parc ?... Seulement 800 mètres !" s’exclame-t-il, mi-amusé, mi-déçu.

>> "Ce sont comme des militaires revenus d'Afghanistan" : comment les soignants tentent de surmonter le traumatisme de la crise du coronavirus

Après une longue intubation et plusieurs semaines d’hospitalisation, ceux qui ont gardé des séquelles du virus, neurologiques notamment, doivent récupérer du poids, du muscle et de la mobilité. Ici, à Lyon, ils sont pris en charge à l’hôpital de jour pour réapprendre les gestes simples du quotidien. Nadine, retraitée active, travaille à réinvestir son corps avec une psychomotricienne. "J’ai eu la jambe qui a été bloquée, indique-t-elle. Et tout le côté droit. On a envie d’avancer, on veut, mais le corps ne suit pas."

Larry, pas même 60 ans, est tombé brusquement malade en mars. Il n’avait jamais été hospitalisé. "Pendant dix jours, j’ai eu de la fièvre, se souvient-t-il. Puis après, en deux jours, j’ai perdu toutes mes forces, la respiration."

J’ai perdu dix kilos de muscle, et il a fallu tout réactiver avec l’aide du service hospitalier. Ils ont été mes sauveurs.

Larry

à franceinfo

Les soignants de l’hôpital Henry Gabrielle assurent un travail psychologique, aussi. Et insistent sur le fait que la rééducation est globale. "On évalue toujours pour que personne ne développe un stress post-traumatique et puisse continuer à avancer, indique le Dr Marie-Caroline Pouget. Cela fait désormais partie de leur histoire mais il faut que cela passe au second plan, pour qu’ils puissent retrouver le cours de leur vie."

Nadine, qui s’est vue passer à côté de la fin, s’en remet péniblement. "J’ai vu ma petite fille hier, pour la première fois, explique-t-elle, très émue. Nous avons mis masques et gants, et je lui ai dit de me serrer très fort. Elle m’a serré très fort et m’a dit : 'Ben Mamie.. T’es là !'" Les rescapés du Covid-19 retiennent la brutalité de la maladie et en ressortent encore plus accrochés à la vie.  

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