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Non, le FMI ne propose pas de taxer 10% de l’épargne mondiale pour faire face à la crise du coronavirus

Cette proposition, massivement partagée sur les réseaux sociaux, a été formulée par le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport d'octobre 2013. Elle avait pour but de résoudre la crise bancaire et financière de 2008.

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Barlot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le lgo du Fonds monétaire international (FMI) à l'entrée de son siège, à Washington DC, aux États-Unis, le 15 avril 2020. (SAUL LOEB / AFP)

"Le FMI suggère, par exemple, que pour rembourser toutes ces dettes, on prenne 10% de l'épargne de tout le monde." Cette phrase de l'éditorialiste économique de BFMTV, Emmanuel Lechypre, s'exprimant à propos de la crise économique causée par la pandémie de coronavirus, a fait réagir sur les réseaux sociaux. Cette déclaration a été partagée des milliers de fois sur Twitter et Facebook, depuis dimanche 10 mai. Pourtant, il s'agit d'une ancienne proposition du Fonds monétaire international, datant de 2013 et ne concernant évidemment pas la crise actuelle. La Cellule Vrai du faux de franceinfo vous explique.

Une proposition qui date de 2013

L'idée évoquée par Emmanuel Lechypre a été avancée par le Fonds monétaire internationale dans un rapport d'octobre 2013. L'éditorialiste de BFMTV a confirmé à franceinfo s'appuyer sur ce rapport pour étayer son raisonnement. Mais cette proposition avait été formulée pour résoudre la crise bancaire et financière de 2008. Dans le document en question, page 49, les économistes du FMI s'interrogent à l'époque sur la possibilité d'un prélèvement unique sur le capital. L'objectif est de faire revenir les pays de la zone euro à leur taux d'endettement d'avant 2007. Ils estiment qu'un seul prélèvement de 10%, en moyenne, peut résoudre le problème. Il s'appliquerait, selon leur démonstration, à tous les ménages qui disposent d'un patrimoine, tout en prenant en compte leurs dettes. De plus, ce calcul porte sur seulement 15 pays de la zone euro, qui en comptait 17 en 2013.

Le ministère de l'Économie opposé à cette proposition

De son côté, le ministère de l'Économie et des Finances explique avoir vu passer de nombreuses rumeurs sur une possible imposition de l'épargne. Toutefois, il insiste sur le fait qu'"il ne va pas du tout taxer l'épargne des Français". Le ministère dirigé par Bruno Le Maire explique également que "même si cela faisait partie des recommandations du FMI, [la France n'est] pas dans l'obligation de les suivre". Bercy indique que son objectif est "de soutenir la demande" pour relancer l'économie nationale. Contacté par franceinfo, le Fonds monétaire international, quant à lui, confirme ne pas avoir fait de déclaration en ce sens pour faire face à la crise économique actuelle, liée au coronavirus.

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